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Le stress, un mal inévitable
Mme Meriem Yousfi-Hamada, psychologue, à “Liberté”
Publié dans Liberté le 10 - 05 - 2011

Pour la psychologue, les Algériens sont d'abord soumis au stress, dès le début de la journée, à cause des problèmes de transport et des embouteillages. Au cours de la journée, puis de la vie, la situation est exacerbée par les problèmes professionnels ou familiaux, le chômage, la crise du logement…
Liberté : Les Algériens mènent une vie stressante. Quels en sont les facteurs ?
Mme Meriem Yousfi-Hamada : Avant de parler du stress et des Algériens, il serait intéressant de définir le stress et de parler de ses symptômes. Il est décrit comme l'une des grandes maladies de notre époque. Il est engendré par l'ensemble des contraintes que nous subissons chaque jour. Le stress se manifeste par une tension continue au niveau physique et moral, tension qui va induire un mal-être, de l'anxiété, de la fatigue, de l'irritabilité, de l'insomnie... Il touche surtout les personnes au travail et automatiquement toutes les autres personnes de la famille. Pour l'exemple : si un papa travaille et vit dans le stress, toute la famille autour de lui va subir son stress. Donc le stress est l'apanage de l'évolution et du modernisme. Si nous prenons l'exemple des Algériens, on se rend compte que dès le réveil, ils sont soumis au stress. Avec les problèmes de transport et d'embouteillages, chacun de nous, grands et petits sommes soumis à cette tension dès le matin, et pendant toute la journée, nous sommes confrontés à ce genre de situation, qui va faire augmenter cette tension. Nous pouvons aussi parler des conditions de vie qui ne sont pas toujours idéales : les problèmes de logement, la précarité de la vie, le chômage... pour ne citer que ceux-là. Le stress survient lorsqu'il y a déséquilibre entre la perception qu'une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu'elle a de ses propres ressources pour y faire face.
Quels sont les troubles induits par le stress ?
Bien que le processus d'évaluation soit d'ordre psychologique, les effets du stress ne sont pas uniquement de nature psychologique. Ils affectent également la santé physique, le bien-être et la productivité. Les symptômes du stress sont d'ordre divers : il y a les symptômes d'ordre physique tels que la tension musculaire, les douleurs abdominales, les maux de tête, la fatigue, les palpitations, les difficultés respiratoires, les troubles nutritionnels et de la digestion... Il y a également les signes psychologiques qui comportent les symptômes émotionnels comme les états de panique, la frustration, l'agitation, les accès de colère, les troubles de l'humeur... Il y a aussi les symptômes perceptuels comme la perte de l'estime de soi, la mélancolie, des symptômes motivationnels comme le manque d'enthousiasme, de goût à la tâche, la perte d'intérêt, des symptômes de comportement comme les troubles du comportement ; les symptômes intellectuels (idées confuses, troubles de la concentration et de la mémoire...) ou relationnels tels que le retrait, le repli sur soi ou l'agressivité. Tous ces symptômes induisent donc des maladies coronariennes, des ulcères à l'estomac, des problèmes de côlon... et bien sûr des dépressions, des insomnies et de l'absentéisme.
Comment y remédier ?
Si le stress est au niveau du travail, l'entreprise doit trouver les moyens adéquats pour réduire ses sources, en agissant sur l'organisation, les conditions de travail et le poste de travail de chacun. L'individu doit aussi savoir se préserver et se protéger en faisant appel à des palliatifs tels que le sport, les moments de détente... S'il est au niveau de la famille, il doit être possible d'identifier les sources par le biais de diverses ressources.
Quand faut-il impérativement consulter, et quel est le traitement préconisé dans ces cas-là ?
Nous devons nous inquiéter lorsque les symptômes présents sont de plus en plus nombreux et qu'ils affectent le cours normal de notre vie. Notre niveau de stress est très élevé quand nous ressentons un sentiment de vide, que nous fuyons tout, que nous n'avons plus le goût de rien faire, quand nous faisons de plus en plus d'efforts pour de moins en moins de résultats et bien sûr quand nous commençons à avoir des idées suicidaires. Il existe des questionnaires qui peuvent nous situer par rapport à l'intensité de notre stress.
Le stress peut entraîner la dépression nerveuse. Est-ce que cette dernière est une forme sévère du stress ou une conséquence ?
Quand le stress entraîne un déséquilibre dans notre vie, il devient impératif de consulter. Souvent la prise en charge est d'ordre psychologique et consiste en un soutien, mais elle peut être accompagnée d'un traitement médicamenteux, et depuis quelque temps, on conseille les traitements à base de plantes qui n'entraînent pas d'effets secondaires ni d'accoutumance (on peut les arrêter quand on veut). On conseille la valériane, qui est un excellent sédatif et un bon tranquillisant. Elle réduit la nervosité, l'agitation liée au stress, elle améliore la qualité du sommeil et évite les réveils vaseux.
Elle est disponible sous le nom de phyriane. Quand le stress dégénère en dépression, le traitement médicamenteux est conseillé, ce qui n'est pas toujours accepté par les patients. Quand les symptômes de la dépression sont légers, le recours à la phytothérapie est aussi conseillé, le retour aux bienfaits de la nature est à l'ordre du jour, donc on propose souvent le millepertuis qui a fait ses preuves depuis des millénaires dans les cas de mélancolie, de dépressions mineures, de perte de l'estime de soi... Il est disponible en Algérie sous le nom de phyanxio.
Pour ce qui est des chiffres, personnellement, je n'en détiens pas, mais en Europe, on estime que 20% des salariés sont affectés par des problèmes de stress au travail, ce qui en fait l'un des principaux problèmes de santé au travail déclaré, après les maux de dos, les troubles musculosquelettiques et la fatigue.
Selon le BIT (Bureau international du travail), le stress provoque un très grand nombre de maladies, et, dans certains pays, il serait même mortel : comme au Japon et quelques pays d'Europe mais heureusement, les cas sont rares.


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