Résumé : Comme on s'y attendait, Ghenima avait mal avalé la nouvelle de son mariage avec Aïssa. Fatiha l'entraîne dans sa chambre, et lui assure que ses frères auraient leur mot à dire. Mais bien plus curieuse, Zineb tente de tirer les vers du nez à sa belle-mère. 25eme partie Elle tente de consoler yemma Zouina, puis redescendit dans la grande pièce pour préparer un café fort. Ils en auront tous besoin à n'en pas en douter. Elle repense à Ghenima. Pauvre petite… Ne va-t-elle pas sombrer dans la folie d'ici demain ? À l'instar de tout le village, Zineb connaissait Aïssa. Elle connaissait son histoire et le récit de ses nombreux mariages. Aucune femme n'a pu vivre sous son toit plus d'une année ou deux. Ghenima suivra-t-elle les autres ? Da Kaci se rendait-il compte de sa bourde ? Accepte-t-il de marier sa fille à un homme du même âge que lui, et qui de surcroît avait cette malédiction de “bourreau des femmes” qui lui collait à la peau telle une sangsue ? Une bonne odeur de café la tire de ses réflexions, et elle retire la cafetière du feu, pour la déposer par terre. Zouina n'avait rien avalé de la journée. Zineb remplit un bol de café au lait, et prend un morceau de galette, qu'elle s'empresse de faire monter à sa belle-mère. Cette dernière refuse de manger. Elle pleurait sans arrêt, et son visage était boursouflé : - Tu tortures ton estomac et ton cœur, yemma Zouina, lui dit Zineb, pense un peu à ta santé. Je suis certaine que Mokrane et Belkacem sauront faire entendre raison à leur père, et que ce mariage sera annulé, aussi vite qu'il a été conclu. Mais rien ne pouvait consoler Zouina. Tout le village va les montrer du doigt, et Ghenima, s'acheminera vers une mort certaine, si ce n'est pas un suicide qui va davantage les stigmatiser. Sur insistance de Zineb, elle prend un morceau de galette, qu'elle se met à mâcher d'un air nerveux, avant de le recracher. Rien ne pouvait passer à travers sa gorge nouée, et seul l'espoir de voir ses fils se révolter contre cette folle décision de leur père, lui permettait encore de tenir le coup. Mais jusqu'à quand ? Elle connaissait trop son mari, et même ses fils ne pouvaient souvent rien faire devant ses “folies”. Elle se lève et se met à arpenter la soupente de long en large. Jamais au grand jamais, depuis son mariage avec Kaci, il y a de cela plus d'une trentaine d'années, elle ne s'était sentie aussi humiliée. N'est-il pas allé jusqu'à la menacer de la répudier, alors qu'elle tentait de lui faire admettre que leur fille unique Ghenima méritait un meilleur parti que ce Aïssa? Pourtant Kaci en temps normal, ne semblait pas porter cet homme dans son cœur. Que s'était-il donc passé pour qu'il change aussi vite d'avis à son égard, et lui accorde sans rechigner la main de sa fille, tout en sachant qu'aucune famille du village n'aurait voulu de lui ? Zouina n'était pas dupe. Elle n'était pas née de la dernière pluie. Il y avait quelque chose qu'elle n'arrivait pas encore à élucider. Aïssa a su gagner la partie peut-être. Mais comment ? Et pourquoi Kaci ne lui en avait-il jamais parlé auparavant ? Etait-ce une affaire d'argent ? Kaci lui a-t-il emprunté une somme, qu'il n'avait pu rembourser ? Mais même dans ce cas, il aurait mis sa famille au courant avant d'entreprendre quoi que ce soit. Zouina était malade. Elle sentit le vertige la gagner et un malaise la menacer. Elle s'allongea sur sa peau de mouton et ferma les yeux. On dit que les voies du destin sont impénétrables. Mais cette fois-ci, elle les trouve floues, et fort menaçantes. Elle était inquiète et chagrinée. Ce soir, les garçons seront mis devant le fait accompli. Comment réagiront-ils ? Il était dit que ce maudit Aïssa va disloquer sa famille. (À suivre) Y. H.