La préparation des élections doit être l'occasion de réaliser un partenariat entre l'Etat et la société qui apporte la voix des pauvres et des groupes vulnérables au centre du processus politique. Plus de transparence, plus d'informations, plus de débats publics, l'ouverture des médias lourds à toutes les composantes de la société sont les moyens privilégiés et déterminants pour rétablir le début de confiance des citoyens dans leur Etat. C'est également l'occasion de l'ouverture d'un débat le plus large possible entre toutes les composantes de la société, plus particulièrement les élites, sur la stratégie de sortie de crise. Le discours sur l'alternance au pouvoir a, malheureusement, encore besoin de volontarisme pour se concrétiser ; sinon, ce ne serait qu'un discours de fuite en avant, face à des responsabilités historiques jamais aussi cruciales qu'aujourd'hui. La nation est réellement en danger. Chaque institution et chaque citoyen sont placés devant leurs responsabilités. C'est le moment de travailler à la préparation, la conception et la mise en œuvre d'une stratégie de sortie de crise. Il ne faut pas attendre le moment inéluctable où il leur sera répondu : “Oui, vous avez été plus contents de rester assis la première fois ; restez donc assis en compagnie de ceux de l'arrière.” Coran, 9-83. L'Algérie a besoin d'un régime capable de construire l'avenir et capable de prévenir les crises et y faire face par sa stabilité et sa légitimité enracinées dans la société civile et dans l'économie, en opposition avec ce qui existe aujourd'hui, à savoir la reconstruction de l'échec et de la mauvaise gouvernance. La recherche d'une majorité aux élections présidentielles par des actions de fuite en avant, sans que le candidat ne puisse préalablement prouver sa capacité de trouver une solution aux racines de la crise, doit être absolument écartée. L'expérience des élections présidentielles de 1999, 2004 et 2009 est édifiante à ce sujet. Il faut, enfin, retenir que le système de pouvoir algérien ne permet pas de compenser l'incompétence du président de la République par la compétence du Premier ministre. L'expérience et la nature du système constitutionnel le prouvent. En effet, la logique de construction du pouvoir dans la Constitution de 1996 est une logique parlementaire à géométrie variable (inspirée du système français). Malheureusement, la Constitution algérienne n'est pas allée jusqu'au bout de cette logique et a laissé beaucoup de possibilités de manœuvres entre les mains du président de la République pour l'approcher du système présidentiel, s'il le désire. Alors, si la vision du président de la République est une vision parlementaire, le système fonctionne bien ; si cette vision est présidentielle, le système connaît des difficultés parce que, alors, il fonctionne dans une logique qui n'est pas la sienne. À jeudi prochain pour la suite de notre analyse. Entre-temps, débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens. À la tentation du pessimisme opposons la nécessité de l'optimisme !