Ben Laden a fait trembler les grands pays occidentaux. Il a tenu en haleine durant une décennie tous leurs services, à leur tête la CIA américaine, sans oublier l'OTAN. Dans sa maisonnée, l'ex-ennemi public numéro un de ces puissances peinait à faire régner sa loi. À Abbottabad, dans sa résidence, proche d'Islamabad, sa vie avec ses trois femmes n'était pas de tout repos. À en croire à sa dernière dulcinée, la belle Amal, arrêtée et interrogée par les services américains, l'entente entre les trois épouses n'était pas cordiale. C'était la fitna à l'intérieur de la maison. Amal, la plus jeune des femmes du fondateur et leader d'Al-Qaïda, est une jeune yéménite épousée en 2000, que Ben Laden n'est pas sorti de sa résidence pakistanaise depuis son arrivée en 2005 dans lequel il vivait avec ses femmes, quatorze de ses enfants et plusieurs de ses frères. Avec 26 ans de moins que son mari, la plus jeune des épouses raconte qu'elle était rejetée par les deux autres femmes, des Saoudiennes beaucoup plus âgées. Un ancien garde du corps de Ben Laden, Nasser Al-Bahri, a confirmé toujours aux enquêteurs américains, le climat électrique qui régnait chez les Ben Laden. Il parle d'une ambiance pesante. Blessée pendant l'assaut du commando américain, dans la nuit du 1er au 2 mai, Amal Ahmed Abdullfattah, avait 17 ans lorsque son père l'a offerte à Ben Laden. À ce propos, les biographes du célèbre terroriste internationale avaient fait remonter l'origine des Ben Laden, de richissimes saoudiens, au pays de la reine de Saba. Les deux autres épouses de Ben Laden, retrouvées également dans la résidence d'Abbottabad, et, contrairement à Amal, entre les mains des services pakistanais, sont saoudiennes. Il s'agit d'Oum Hamza et d'Oum Khaled, qui connaissent beaucoup de choses sur le réseau terroriste, étant depuis longtemps les compagnes de l'homme, dont l'ex-président américain George W. Bush avait mis la tête au prix d'un milliard de dollars et l'avait recherché désespérément dans les grottes de Bora, alors que Ben Laden avait installé sa smala famille dès 2003 au Pakistan, d'abord dans le village de Chak Shah Mohammad dans le district de Haripur, dans le nord du pays puis dans la ville garnison où il a succombé, proche d'Islamabad et à un jet de pierre d'un complexe militaire pakistanais. Oum Hamza était la favorite de Ben Laden parce que ce fut la première mais aussi en raison de son érudition en sciences islamiques, se rappelle Nasser Al-Bahri, le garde du corps du chef d'Al-Qaïda entre 1997 et 2000 à Kandahar, où il vivait aux côtés de la famille Ben Laden dans ce qui était alors le QG de la nébuleuse islamiste. Ben Laden consultait pour tout et rien sa première femme, de huit ans son aînée (62 ans aujourd'hui), issue d'une famille aisée de La Mecque, les Al-Kindi. Il faut se garder d'oublier que Ben Laden est d'une famille qui a pignon sur rue dans le royaume wahhabite, se sont de très riches constructeurs d'infrastructures et de biens immobiliers. Les Ben Laden ont construits la plus part des ports et aéroports de leur pays et reconstruit une partie du Liban avec les Hariri. Avec Oum Hamza, Ben Laden n'eut qu'un enfant, Hamza. Selon les proches de celui-ci interrogés par la CIA, Oum Hamza était un peu la mère de tous les djihadiste, elle réglait les problèmes de couple ou aidait les femmes à accoucher. C'est encore elle qui enseignait le wahhabisme à tous les fils Ben Laden. La conseillère de Ben Laden était secondée par Oum Khaled, notamment dans l'éducation de la progéniture du chef d'Al-Qaïda. Si la cohabitation entre les deux saoudiennes passait, la venue de la yéménite a cassé l'harmonie conjugale du leader de la toile terroriste. Oum Hamza était furieuse du mariage de Ben Laden, âgé alors de 43 ans, avec Amal, qui n'avait, elle, que 17 ans. Elle n'assista que très brièvement à la noce. Saad, Mohammad et Otman, parmi les fils les plus âgés du chef terroriste, étaient, eux aussi, en colère contre leur père. Ben Laden aurait convolé en justes noces avec la jeune Amal pour probablement goûter aux félicités des houris promis par le wahhabisme aux djihadiste dans le paradis, mais surtout pour des raisons politiques. En 2000, une année avant les attentats de New York, Ben Laden avait chargé son garde du corps d'aller remettre 5 000 dollars de dot à la famille d'Amal au Yémen. Un mariage arrangé, destiné à s'allier la tribu de sa promise, au cas où lui et ses hommes devraient revenir s'installer dans la patrie ancestrale. Le ton avait monté entre Ben Laden et les talibans qu'il a sponsorisés en Afghanistan. Avec Amal, il a eu une fille, Safia, née à Kandahar, peu avant la destruction par Al-Qaïda le 11 septembre 2001 des deux tours aux Etats-Unis. C'est probablement cette fillette de dix ans qui a vu son père tué par les Américains. Treize de ses frères et sœurs, arrêtés pendant l'assaut, sont aujourd'hui également à l'ombre chez les services pakistanais (ISI). La CIA veut également les entendre. Ben Laden n'a pas fini de faire parler de lui. Sa saga familiale confirme que dans la polygamie, il n'y a que du négatif.