Résumé : Ghenima voulait envoyer un message à Mohand par le biais de Fatiha. Cette dernière demeure interdite. Elle revient sur le sujet pour mettre Ghenima en garde contre les conséquences de son geste. 28eme partie Fatiha met la main sur sa bouche. Elle ne voulait pas blesser sa belle-sœur. - Mais quoi ? demande Ghenima - Oh rien, je me disais que… - Que quoi… ? Mais parle-donc Fatiha. - Je me disais qu'a l'instar des autres soirs où vous vous rencontrez, tu pourras faire une dernière tentative cette nuit, pour aller le rejoindre et discuter avec lui. Bien sûr ne t'emballe pas trop vite. Attends d'abord que tes frères apprennent la nouvelle. Ghenima contemple un moment Fatiha. Il est vrai que l'idée n'est pas mauvaise. Mais sa mère fermera-t-elle les yeux cette nuit, aussi agitée, qu'elle était ? Et puis, sait-on jamais, si son père ne va pas tarder au village ce soir, afin d'éviter de rencontrer Belkacem et Mokrane à son retour. Mais oui ! C'est certain ! Ghenima se rendit à l'évidence : quand son père rentrera assez tard ce soir, ce sera pour mettre ses fils devant le fait accompli. C'était bien calculé de sa part ! Ghenima se promet tout de même d'attendre le retour de son père. Ensuite, elle verra. Si ce dernier met du temps pour rentrer, elle saura se faufiler dehors pour rejoindre Mohand. La suite, dépendra alors de ce dernier. Va-t-il accepter de la voir liée à Aïssa, ou bien va-t-il casser les tabous pour se présenter et demander sa main, même si pour cela, il devrait enfreindre certaines lois patriarcales ? C'était la seule issue qui lui restait. Une dernière carte à jouer pour sauver son avenir, et éviter un mariage qui tournera au vinaigre à n'en pas douter. - Tu as raison Fatiha, lance-t-elle après un long moment de réflexion, je vais attendre pour voir tout d'abord ce qui va se passer ce soir. - Voilà qui est bien pesé. Oh ! Ghenima ma sœur, je n'arrive pas encore à croire que pas plus tard que ce matin, tu étais cette jeune fille insouciante qui remontait le sentier sa jarre sur le dos, avec cet air gai qu'on t'a toujours connu. - Hélas, mon père a vite fait de tracer mon malheur. Je ne sais pas pourquoi. Je n'arrive pas à admettre que c'est mon propre père qui m'envoie en enfer. - Chut, Ghenima. Les affaires les plus compliquées finissent toujours par se résoudre. Nous saurons tôt au tard ce qui s'est réellement passé. On a peut-être forcé la main à Da Kaci. Ghenima ne dit plus rien. Elle referme les yeux, et laisse son esprit vagabonder. Elle pense à ses frères, à sa mère, à ses neveux, et sentit encore les larmes inonder ses joues. Va-t-elle quitter tout ce cocon dans lequel elle avait toujours vécu ? Il le faut pourtant. Aïssa ne l'aura pas, elle l'avait ainsi décidé. Elle se donnera la mort, et quittera ce monde s'il le faut, mais ce vieil grincheux ne l'aura jamais. Elle dut s'endormir, car lorsqu'elle entrouvrit enfin ses yeux, la chambre était plongée dans l'obscurité, et un silence de mort régnait dans toute la maison. Elle entendit pourtant les femmes chuchoter entre elles. On dirait une veillée funèbre se dit-elle. Ses frères n'étaient pas encore rentrés, et son père non plus. Pas de si tôt se dit-elle, en se levant. Elle tire sur sa robe toute froissée, puis remet de l'ordre dans ses cheveux qu'elle relève sur le sommet de sa tête avant de les couvrir d'un foulard à franges. (À suivre) Y. H.