Si le concert d'ouverture de Pély-Romhanyi duo jazz (Hongrie) augurait des soirées musicales prometteuses, voire riches en découvertes, les soirées de mercredi, jeudi et vendredi n'ont fait que renforcer et confirmer ce constat. Après la Hongrie, la France a proposé, mercredi, à 19h, à la salle Ibn Zeydoun, un tout autre genre musical au public, venu en masse apprécié le spectacle Aux marches du Palais (le poème harmonique) de Vincent Dumestre. C'était un mélange de romances et complaintes de la France d'autrefois. Sans micro ni sonorisation, l'ensemble musical (basse, flûte, cornemuse, basse de viole, vielle roue, percussions, citole et théorbe) a accompagné les voix pure et chaude des interprètes dont l'Algérienne Amel Brahim-Djelloul (soprano), Serge Goubioud (ténor) et Arnaud Marzorati (basse). J'ai vu le loup, le renard chanter, la Complainte de Manderin, Aux Marches du Palais… Des titres qui rappellent les cantines entendues autrefois, mais qui, en réalité, sont des chansons qui s'inscrivent dans une histoire très ancienne, dont les origines “se perdent dans les brumes du Moyen-Âge ou de la Renaissance”. Lors de ce concert, l'assistance a découvert des sonorités savoureuses que des instruments d'antan diffusaient ; témoins “d'une époque où les musiques des deux rives de la Méditerranée entretenaient des rapports étroits”. Un spectacle-concert de chanson et musique baroques. Un voyage dans le temps. Jeudi, l'Espagne était à l'honneur avec l'incontournable flamenco, devenu la marque de fabrique de la péninsule ibérique. Une heure et demie avant le début du concert, la foule, fort nombreuse, faisait la queue. Une heure durant, Lucia de Miguel a charmé une assistance subjuguée par la grâce du mouvement et la sensualité de l'exécution. Accompagnée par Bettina Flater à la guitare, Loreto de Diego et Naike Ponce au chant, et La Popi au campas, la diva espagnole a conjugué tradition et modernité dans son spectacle, où création et adaptation faisaient bon ménage. Des gestes lascifs, un déhanchement léger quasi félin, exécutés avec élégance et vivacité. Tel un éventail, le corps s'ouvrait, se fermait au gré des notes et des paroles. Cette soirée a été le carrefour des rencontres : différents styles de chant et de danse du flamenco traditionnel ont croisé le regard féminin très contemporain de l'artiste, aboutissant à synergie composée de beauté, de grâce, de sensualité. La musique et les chants en harmonie avec les pas de danse exécutés dans une chorégraphie subtile, raffinée, d'une beauté exquise Une perfection visuelle qui, au-delà de la pratique artistique, a été à la hauteur du public qui s'est délecté de la magie du flamenco. Cet art apprécié en Algérie. Réputée pour sa musique folklorique, la Roumanie a surpris plus d'un vendredi, à 19h. Alors que la plupart des présents s'attendaient à un spectacle typiquement traditionnel, c'est une partition futuriste que ION din Romania et Betty Stroe ont exécutée : de la musique ethno “exprimée” à travers le folklore roumain et des rythmes modernes, très dynamiques. Il n'a pas fallu longtemps que la salle chauffe. Les applaudissements, tel un baromètre, témoignaient de l'engouement des présents. Une ambiance festive en ce début de week-end, permettant le défoulement. Le duo a su avec brio faire aimer et apprécier ce genre de musique qui est très aimé dans leur pays. C'est avec la tête pleine de notes et de sons que le public a quitté, difficilement la salle, voulant prolonger la soirée le plus possible. Amine IDJER Programme du 12e Festival culturel européen en Algérie salle Ibn Zeydoun, riadh El-Feth, à 19h) : Aujourd'hui : le duo Lepistö & Lehti (images sonores), Finlande Lundi : Teresa Lopes Alves (diversité du fado), Portugal Mardi : concert pop-rock avec le groupe Cohete, Espagne