Selon les syndicalistes, une circulaire interdisant les rassemblements au sein des établissements de santé publique et menaçant les grévistes de révocation a été envoyée aux directions de tous les établissements hospitaliers. Mais les médecins grévistes maintiennent leur mouvement, assurent-ils. Le bras de fer est plus que jamais engagé entre la tutelle et les médecins grévistes en ce deuxième jour de grève illimitée de l'Intersyndicale de la santé publique. Alors que les médecins résidents entament leur deuxième mois de débrayage, les médecins généralistes et praticiens spécialistes maintiennent leur protestation en annonçant, hier, d'autres actions, notamment un sit-in devant le ministère de la santé, le 22 mai. Hier encore, ils étaient des centaines d'établissements de santé publique à être paralysés, à travers le pays, par le mouvement de l'intersyndical, et à fonctionner en service minimum. Un service qui ne prend en charge que les urgences médicales, obstétriques, pédiatriques ou chirurgicales, la distribution des médicaments et autres traitements aux malades hospitalisés, ainsi que les patients qui nécessitent des soins vitaux. Les deux syndicats de la santé publique, à savoir le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNSP) et le syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (SNPSSP), se disent satisfaits du taux de suivi qui a dépassé, hier, les 80%, malgré les mesures coercitives annoncées la veille par le ministre de la santé, de la population et de la réforme hospitalière. Sa dernière sortie ne semble pas provoquer l'effet voulu par la tutelle, à savoir “casser le mouvement”, comme disent les grévistes. Bien au contraire, les médecins généralistes et les praticiens spécialistes se disent “déterminés à résister à l'intimidation et aux menaces”. Selon l'Intersyndicale de la santé publique, une circulaire (n°4), datée d'hier et émanant de la tutelle, a été envoyée à toutes les directions des établissements de santé publique. Le document évoque “l'illégalité” de la grève et interdit “l'exercice de ce droit”, selon les syndicats. Ces derniers parlent de certaines mesures de la circulaire n°4, les qualifiant de “scandaleuses”, comme l'interdiction d'accès aux établissements de santé aux grévistes ou de tenir des piquets de grève et des rassemblements à l'intérieur des hôpitaux. Pis, selon eux, la circulaire autorise même la direction à faire appel aux services d'ordre public, soit la police, dans le cas de non-respect de ces interdictions. Le ministre de la santé avait menacé, avant-hier, les grévistes de ponction sur salaire et de révocation pour les médecins récalcitrants. “Nous avons remarqué qu'Ould-Abbès a redoublé d'effort en matière de répression, violant ainsi un droit constitutionnel et la franchise hospitalière. Avec ses mesures, il ferme toutes les voies du dialogue et nous pousse à sortir manifester dans la rue”, a déclaré le Dr Mohamed Yousfi, président du SNPSSP. Et d'ajouter que ces directives indiquent que le ministre n'a aucune intention de trouver un compromis aux problèmes de la santé publique. Le Dr Yousfi est sans équivoque : les déclarations faites par Ould-Abbès concernant la prise en charge de leur plate-forme de revendications ne sont que “des manipulations destinées à induire en erreur l'opinion publique”. Même son de cloche du côté du SNPSP qui estime qu'“avec cette arsenal répressif, le ministre a opté pour des manœuvres de déstabilisation. il est entré en guerre contre les médecins de la santé publique”.