Actualité oblige ! Le festival de Cannes veut s'inscrire dans la brûlante actualité des révolutions des pays du Maghreb et du Moyen-Orient. Ainsi, les révolutions égyptienne et tunisienne ont été exposées largement à Cannes. La première a eu droit à tout un programme spécial qui entre dans le cadre d'un nouveau programme mis en place par le festival. Il s'agit du principe d'un pays invité qui sera reconduit chaque année. Ainsi, le pays des pharaons a été mis à l'honneur à travers une journée spéciale. Le 18 mai a été une occasion de mettre en valeur les diverses facettes du cinéma égyptien, représenté par des réalisateurs, des acteurs, des producteurs et des techniciens. Cet hommage a débuté par la projection de Dix-huit jours, une œuvre collective composée de courts métrages de Sherif Arafa, Yousry Nasrallah, Mariam Abou Ouf, Marwan Hamed, Mohamed Aly, Kamla Abou Zikri, Sherif El Bendari, Khaled Marei, Ahmad Abdallah et d'Ahmad Alaa. Le projet a été rendu faisable grâce à la collaboration de “dix cinéastes, vingt comédiens, six écrivains, huit chefs opérateurs, huit ingénieurs du son, cinq décorateurs, trois costumières, sept monteurs, trois sociétés de postproduction et une dizaine de techniciens (qui) ont tourné dans l'urgence, sans budget et de manière complètement bénévole, dix courts métrages de fiction, autour de la révolution du 25 janvier en Egypte”. Les dix histoires mises en scène ont été inspirées de la réalité. Les recettes de cette réalisation “seront consacrées à l'organisation de convois d'éducation politique et civique dans les villages égyptiens”, selon les organisateurs. Toujours dans le registre égyptien et dans le cadre de Cannes Classics, les festivaliers ont suivi, en copie neuve, Facteur de Hussein Kamal, et dans le cadre de Cinéma de la plage, Le cri d'une fourmi, de Sameh Abdel Aziz. Enfin, un concert de West El Bala, un groupe de musiciens égyptiens fera l'ouverture de la Fête des sélections qui sera donné le 18 mai dans le cadre de la sélection officielle. Ainsi les Egyptiens ont affiché leur joie à Cannes. Mais pas tous. Plus de 350 artistes et intellectuels égyptiens dont certains sont présents à Cannes ont signé une lettre ouverte au Festival de Cannes et lancé une pétition stipulant que “M. Nasser Kamel, l'ambassadeur de Moubarak à Paris ne peut pas représenter la Révolution égyptienne au Festival de Cannes 2011 !” Cette dernière, rédigée par le comité de solidarité avec la lutte du peuple égyptien, circule sur Internet. Elle a été signée par plus 350 personnes, Egyptiens, Arabes de France et Français. De son côté, la Tunisie va exhiber sa révolution, le 20 mai prochain à travers Plus jamais peur du réalisateur Mourad Ben Cheikh, projeté en en séance spéciale. Pour rappel, ce documentaire relate la Révolution tunisienne. Ce retour triomphale du cinéma tunisien après une longue absence a été marqué par, rappelons-le, la cérémonie de remise de la Légion d'honneur, le 12 mai 2011 à Cannes, à Nouri Bouzid, ainsi que par la rencontre entre professionnels du cinéma tunisien et le Centre cinématographique français. Au sujet de cette rencontre, sans signer de pétition, légion sont les journalistes tunisiens qui n'ont pas caché leur désapprobation par rapport à la liste des intervenants. “La majorité des noms annoncés a été toujours le support du régime”, a ricané un professionnel sur le cinéma tunisien, présent à Cannes. Au-delà de ces divergences et divisions, nombreux sont les Egyptiens et Tunisiens, souvent des festivaliers venant de la région, qui s'agglutinent quotidiennement autour des pavillons de leur pays et guettent le passage d'un comédien ou d'un cinéaste connu. Leur joie de voir leurs révolutions respectives exhibées leur a donné beaucoup de plaisir.