“Mon engagement n'est pas politique, je suis simplement un témoin qui a passé quelques années avec les Sahraouis”. C'est ce qu'a déclaré Jean-François Debargue, lors de la présentation de son livre : Journal d'un camp sahraoui ; le cri des pierres, qui a eu lieu au Centre d'études Diocésain les Glycines (Alger), dans l'après-midi de mercredi dernier. L'auteur s'est expliqué sur son “engagement humanitaire”, en affirmant : “Je vois une situation inhumaine inacceptable. Je dénonce cette situation.” Sorti aux éditions Karthala, en décembre 2010, l'ouvrage de ce “berger de métier”, militant au Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), puis à l'organisation humanitaire Caritas, témoigne de la vie des réfugiés sahraouis et tente d'analyser la situation d'un peuple privé de sa liberté, 35 ans après l'annexion du Sahara occidental par le Maroc. C'est à Noël 2007, que M. Debargue quitte la France, pour se retrouver, deux jours plus tard, dans la région de Tindouf (Sud-Ouest algérien), dans les camps de réfugiés sahraouis. Venu dans le cadre d'un projet agricole du CCFD, l'ancien berger et néanmoins technicien agricole va “réorienter le projet” et lancer “un jardin pédagogique” dans le camp d'Al-Ayoune qui, selon lui, aura des répercussions très bénéfiques sur les jardins existants. Dans son exposé, l'auteur de Journal d'un camp sahraoui s'est attardé sur les rappels historiques, apportant des preuves que le Sahara occidental, cette ancienne colonie espagnole, n'a “jamais été pénétré” par les Marocains, aux siècles passés. Il a, en outre, mis en exergue la dérobade de l'Espagne, censée organiser un référendum d'autodétermination du peuple sahraoui en 1975, ainsi que l'accélération des évènements, surtout après le 16 octobre de cette année, c'est-à-dire après le refus de la Cour internationale de justice de donner suite aux revendications territoriales du Maroc. “Les enjeux sont essentiellement économiques”, a-t-il déclaré, précisant que le territoire sahraoui possède la zone de pêche “la plus poissonneuse du monde” et renferme du minerai et peut-être une grande nappe d'eau ainsi que du pétrole. L'auteur s'est ensuite étendu sur la vie dans les camps, notant “l'omniprésence” de la femme et l'intérêt des Sahraouis pour “l'éducation”. Sur le registre de l'aide alimentaire, il a constaté que le panier alimentaire “n'a jamais été réactualisé”, alors qu'il est inadapté aux populations réfugiées depuis plus de 30 ans. M. Debargue a aussi parlé des problèmes sanitaires, dont “6 ou 7 maladies sont d'origine nutritionnelle”, du “retard de croissance harmonieuse” et des problèmes de l'eau ayant causé des cas de tyroïde, de typhus et même de choléra. “La nouvelle génération de Sahraouis ne veut plus de négociations”, a-t-il affirmé, signalant plus loin que “si le référendum est organisé de façon normale, l'indépendance va aboutir”. “Moi, je dis : Appliquons l'accord de 1991”, a conclu l'intervenant.