Plus d'une semaine après le rapt de deux citoyens à Béni Aïssi (Béni Douala) et à Mechtras (Boghni), la mobilisation citoyenne n'a pas baissé la garde en Kabylie où l'on est toujours sans nouvelle des deux malheureuses victimes. C'est ainsi que la localité de Béni Aïssi a abrité jeudi dernier un important meeting populaire durant lequel des milliers de citoyens issus de plusieurs villages et communes relevant de la daïra de Béni Douala ont tenu à manifester leur soutien à la famille du jeune Mourad Bilek, enlevé le 11 mai dernier sur la route de Tala Bounane, tout en continuant d'exiger sa libération inconditionnelle. Plusieurs véhicules placardés du portrait de la jeune victime continuent de sillonner les douars et les confins de la région pour faire pression sur les ravisseurs et crier leur colère après ce rapt qui aura jeté tant d'émoi et de consternation chez les Ath Aïssi et les Ath Douala. Par ailleurs, les comités de village de Maâtkas auxquels se sont joints ceux de Mechtras, d'Aït Abdelmoumène et d'Aït Boughardhène ont organisé hier un meeting au stade municipal de Mechtras en signe de solidarité avec la famille du citoyen, Hamir Saïd, propriétaire d'une marbrerie et âgé de 71 ans, enlevé samedi passé près de son domicile sis entre les communes de Souk El-Tenine et de Mechtras. L'action se voulait surtout un acte de mobilisation citoyenne par lequel les villageois veulent maintenir la pression sur les ravisseurs afin de libérer dans les plus brefs délais la victime, sans condition aucune. Les délégués des comités, ayant pris la parole lors du meeting, ont unanimement condamné l'acte d'enlèvement et exigé la libération immédiate et inconditionnelle de la victime, rappelant leur détermination à “ne pas lâcher prise pour déjouer ce plan destiné à l'appauvrissement de la Kabylie”, comme a tenu à le souligner un élu local. Les pouvoirs publics ont été aussi dans la ligne de mire des intervenants. “Nous demandons à l'Etat d'assumer ses responsabilités en sa qualité de garant de la sécurité des personnes et des biens”, a soutenu un intervenant en adressant son message à tous les corps de sécurité en charge du problème qu'ils relèvent de la police, de la gendarmerie ou de l'armée. Quant au maire de Mechtras, il dira que “l'armée occupe un terrain de 7 hectares dans la commune sans que la sécurité des citoyens ne soit garantie”. D'autres intervenants ont mis en exergue le climat d'insécurité plus qu'insoutenable qui ronge toute la wilaya de Tizi Ouzou qui vient d'enregistrer son 63e enlèvement durant ces dernières années. À la fin du meeting, une marche a été organisée à travers l'artère principale de la ville en direction du siège de la brigade de gendarmerie, où une délégation des comités de village et des élus a été reçue par le chef de brigade, auquel il a été fait part des doléances sécuritaires. En fait, la mobilisation est née au lendemain de la nouvelle de l'enlèvement par une succession de réunions entre les comités de village du secteur de Berkouka dans la commune de Maâtkas, d'où est originaire la victime, avant que l'élan ne s'élargisse à tous les comités des communes limitrophes. À l'issue de la dernière réunion, où l'action d'hier a été décidée, une déclaration a été rendue publique. “Halte aux kidnappings”, pouvait-on lire sur ce document affiché un peu partout et transmis aux rédactions. La pluie n'a pas empêché les citoyens de se rendre massivement au meeting et tôt le matin, au niveau des chefs-lieux des communes de Maâtkas et Souk El-Tenine, des jeunes volontaires, mégaphones en main, appelaient tous les citoyens à rejoindre la mobilisation. Des bus ont été mobilisés que des particuliers ont mis à contribution pour les besoins du déplacement. La procession humaine venue de Maâtkas s'est arrêtée un court moment devant le domicile de la victime en signe de solidarité avant de s'ébranler en direction du stade communal de Mechtras où devait se tenir le meeting.