Pas moins de 4 200 hommes ont été mobilisés pour le seul exercice qui s'est déroulé avant-hier au bivouac d'Aïn Yagout (Batna) pour démontrer la capacité d'intervention de la gendarmerie à neutraliser les criminels. Quant à la grande manœuvre, elle aura lieu le 25 mai prochain au 5e CR. La montée en puissance de la contrebande constitue une sérieuse menace aux frontières algéro-tunisienne et algéro-libyenne, en raison des développements qu'ont connus ces deux pays ces dernières semaines, mais aussi du fait de l'importance des deux bandes frontalières avec toute la criminalité et le trafic de marchandises qui en découle. Une circulation illégale de produits de première nécessité, que l'Etat algérien subventionne à coup de milliards de dinars, est depuis quelque temps constatée. Un créneau que le lobby, organisé dans les deux rives, exploite afin de provoquer des tensions sur le marché national. On en est plus au stade de la petite contrebande des boîtes de conserves ou de ballots de friperie. On a l'impression que la “Révolution du jasmin” et la guerre sanglante en Libye ne dissuadent pas les groupes de pressions qui “font monter les enchères”. Et si le déplacement du patron de la GN s'inscrit en droite ligne de la mobilisation du 5e Commandement régional CR-GN de Constantine, il est clair que les choses évoluent à une vitesse telle que les gardes frontières devront s'adapter aux nouvelles donnes sécuritaires afin de contrecarrer cette menace. De sucre, de l'huile, de la farine, les lobbies passent à la vitesse supérieure. Ces criminels ont tissé des toiles à l'intérieur et à l'extérieur du pays afin d'exporter frauduleusement de la semoule et de la poudre de lait. De quoi créer une crise gravissime sur le marché algérien et attiser la colère des citoyens, notamment à l'approche du Ramadhan. D'ailleurs, au cours d'une réunion qu'il a tenue avec les cadres du 5e CR, le commandant de la GN, le général-major, Ahmed Bousteïla, a tiré la sonnette d'alarme avant de mettre l'accent sur la lutte sans merci contre ces malfaiteurs qui multiplient les palliatifs aux bandes frontalières. “Désormais, le principe de l'obligation de résultat doit être la règle fondamentale d'évaluation et d'appréciation des hommes. L'anticipation devra constituer un principe dans la conception du service dans la Gendarmerie nationale. Au préalable, les différents échelons des unités territoriales sont appelés à identifier les menaces qui pèsent sur le citoyen.” Prévention doit être désormais le mot d'ordre de la GN en définissant le maillage territorial. “On doit renforcer les capacités de surveillance et d'intervention à l'effet de revaloriser le sentiment de sécurité chez le citoyen et dissuader les comportements criminels des malfaiteurs”, insistera Ahmed Bousteïla en mettant l'accent sur l'aggravation du phénomène de la contrebande à l'est du pays. L'Algérie face aux situations sécuritaires exceptionnelles Outre la circonscription des activités criminelles comme facteur majeur dans la lutte contre ces lobbies, M. Bousteïla a également souligné l'impératif “de favoriser une meilleure gestion des situations sécuritaires de plus en plus complexes, accroître l'efficacité de l'action de la GN”. Il précisera plus loin que “si les zones périurbaines sont traitées actuellement par des opérations sporadiques dites “coup-de-poing”, les unités concernées doivent affiner les plans de surveillance générale et de sécurisation appropriés à l'insécurité”. Et c'est cette contrebande, au nouveau visage, qui constitue justement une insécurité aux frontières, que la GN devra combattre. L'interopérabilité pour combattre le crime transfrontalier Au cours de sa visite, M. Bousteïla s'est rendu au bivouac des unités d'intervention et au terrain d'entraînement au niveau de Aïn Yagout (Batna). Lieu où les Gomo (groupes opérationnels de maintien de l'ordre) ont testé leur efficacité à mener une guerre sans merci contre toutes formes du crime organisé. À cette occasion, il a été souligné que dans le contexte sécuritaire actuel, les unités d'intervention participent activement à la lutte antiterroriste, contre la criminalité et la délinquance sous ses diverses formes et à la préservation de l'ordre public. “Et pour faire face à l'insécurité, la GN a mis en place des dispositifs sécuritaires mettant en synergie l'ensemble de ses composantes. Ces dispositifs ciblent notamment les facteurs d'insécurité de l'environnement et le crime organisé, à l'effet de revaloriser le sentiment de sécurité chez le citoyen et d'améliorer la surveillance générale du territoire”, a précisé le chef de cabinet de Bousteïla, le colonel Abderrahmane Ayoub. Afin de garantir l'interopérabilité des unités et revaloriser davantage les capacités de réaction des états-majors opérationnels, des manœuvres et exercices de cohésion sont programmés annuellement. De son côté, le lieutenant-colonel, Abdelhamid Keroud, précisera que “ce genre d'actions s'inscrivent dans le sillage de cohésion des troupes appelées non seulement à faire face à la lutte contre la délinquance, mais aussi à s'adapter aux situations de combat armé, donc contre le terrorisme”. Notons que lors de sa dernière sortie à l'extrême-sud du pays, le patron de la GN a appelé ses élites et ses troupes à redoubler de vigilance pour contrecarre la menace terroriste dans le Sahel, mais aussi le flux de l'immigration clandestine qui découle des évènements que traverse la Libye. En plus du renforcement des effectifs qui passent de 1 000 à 2 000 hommes, ce sont 183 nouvelles structures qui seront bientôt mises en place pour mieux contrôler et sécuriser nos frontières.