Comme chaque samedi depuis quatre mois, les militants de la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) ont honoré, hier, pour la 15e fois, leur rendez-vous hebdomadaire de la place du 1er-Mai à Alger. Ni le mauvais temps ni le surnombre de policiers mobilisés pour tuer dans l'œuf leur action ne sont venus à bout de la détermination de ces militants du changement à s'y rassembler pour réitérer leur revendication du départ du système. Dès 11 heures, les habitués des lieux étaient là : Ali Yahia Abdennour (Laddh), Fetta Sadat (RCD), Tahar Besbès (RCD), Rabah Boucetta (RCD), Moulay Chentouf (PLD), Harchaoui (MDS), Azwaw Hadj Hamou (AVO 88), Omar Abed (victimes de la faillite de la banque El Khalifa), etc. Les mots d'ordre habituels : “Algérie libre et démocratique”, “Y en a marre de ce système”, “Système dégage, la jeunesse s'engage”..., sont scandés par des militants brandissant des drapeaux algériens. Dans un premier temps, on ne voyait pas la présence de policiers, repliés à l'intérieur de l'hôpital Mustapha-Pacha, autour du coin occupé par les manifestants. Mais dès que ces derniers ont tenté de marcher, ils sont vite encerclés par les hommes du général Hamel pour les maintenir à leur place. Un petit accrochage entre policiers et manifestants s'est produit. Le remuant Azwaw Hadj Hamou était dans tous ses états. “Un officier a proféré à mon encontre des menaces. Il m'a lancé qu'il a un compte à régler et que mon jour viendra”, s'écriait-il. Le député Tahar Besbès alerte les journalistes sur la séquestration par la police de quatre militants à l'intérieur du hall d'un immeuble. “J'interpelle le général Hamel sur le langage déplacé d'un policier qui nous a lancé à la figure que nous ne sommes pas des citoyens”, s'offusque M. Ameur Yahia de l'Association des parents d'élèves de la wilaya d'Alger. “C'est une arrestation déguisée. Au nom de quoi séquestrent-ils des citoyens dans un immeuble ? Qu'ils nous disent si l'état d'urgence est levé ou non”, s'indigne Tahar Besbès. “Cette séquestration veut dire qu'ils peuvent cacher des gens là où ils veulent”, assure Hamid Farhi du Mouvement citoyen. Sollicité par les journalistes, Ali Yahia Abdennour réitère ses convictions. “L'histoire est en mouvement et tous les dictateurs finiront par partir”, assure-t-il confiant. Pourquoi l'Algérie est, jusqu'à présent, épargnée par le vent de révolte qui souffle sur les pays de la région ? “Nous ne voulons pas sacrifier notre jeunesse. Nous avons eu Octobre 88 et la décennie noire. Nous avons choisi une autre voie. Ça mettra un peu de temps pour que le mouvement se cristallise, mais le changement aura lieu inévitablement. Il viendra, soit du système traversé par bien des contradictions, soit par la rue et dans la violence”, explique-t-il. Que pense-t-il des consultations que mène Abdelkader Bensalah ? “C'est un non-événement. Ce n'est que du cinéma pour faire croire aux gens qu'il travaille”, assène-t-il. à noter qu'une collation a été organisée par la CNCD au siège du RCD, à la rue Didouche-Mourad (Alger), en l'honneur des journalistes. Une rencontre-débat avec les intellectuels sera aussi organisée, le 14 juin prochain, à l'hôtel Sofitel, à Alger.