Encore un périple présidentiel qui débute et des soirées d'éloges télévisées à la gloire des conquêtes diplomatiques du chef de l'Etat en perspective. La démarche est simple : l'ENTV se charge de nous montrer un Bouteflika qui impressionne partout où il passe et nous serons peu reconnaissants si nous ne nous laissons pas émouvoir par le panache d'un Président qui enflamme tous les forums internationaux auxquels il participe. Rien que pour ce prestige par procuration, nous devrions nous féliciter de la présidence providentielle dont nous sommes parés. Les embrassades renouvelées à tout bout de champ, propos avec les chefs d'Etat les plus prestigieux suffiraient, du point de vue de la propagande officielle, à nous faire admettre notre chance : les présidents et souverains étrangers auront su reconnaître la valeur que nous n'avons pas su déceler de notre régime. C'est à nous que s'adressent les accolades et enlacements distribués à travers le monde et fidèlement rapportés jusqu'à nous par les caméras du pouvoir. Bien sûr, et les initiés le savent, les suppléments protocolaires arrachés à nos partenaires ne les engagent pas politiquement. Il y a des concessions cérémonieuses de pure forme qu'il suffit de demander et qui ne correspondent à aucune signification diplomatique. Le plus significatif des exemples vient d'être fourni par les gesticulations diplomatiques franco-algériennes. Ni les voyages d'Etat, ni les visites aux motifs équivoques n'ont empêché le président français de rester sur ses positions traditionnelles sur des questions aussi stratégiques que l'émigration et le dossier du Sahara occidental. Sarkozy poursuit sa politique restrictive envers les demandeurs de visa et le statut des émigrés d'origine algérienne et Chirac vient de réitérer l'alignement qu'il a déjà exprimé par son action directe dans l'enceinte des Nations unies concernant le point de vue marocain sur la question du Sahara occidental. Les étreintes “amicales” n'auront en rien contribué à infléchir la position française en la matière. L'ami Chirac n'a pas non plus fait la moindre déclaration d'encouragement à l'endroit de ses concitoyens pour visiter ou investir dans notre pays alors qu'il vient de proclamer que “les Français qui vivent au Maroc ont bien de la chance”, façon de contrecarrer l'appréhension des partenaires qui s'inquiètent de la montée de l'islamisme et de l'apparition du terrorisme dans le royaume. En Iran, en Indonésie et en Malaisie, il aura l'avantage d'être flanqué d'un ministre des Affaires étrangères qui a déjà fait ses preuves internationales dans le soutien à l'intégrisme. Les résolutions prévisibles de rigueur sur l'indépendance de l'Irak et l'impératif d'une juste solution pour la Palestine n'empêcheront pas la Turquie islamique de déployer des troupes en Irak et la Syrie d'endosser seule les attaques israéliennes à venir. Mais, la télévision nous matraquera des contributions décisives de l'Algérie au sommet historique de Kuala Lumpur. Les gesticulations internationales du pouvoir serviront tout de même à flatter l'ego sensible du téléspectateur local. Comme tout ce qui se fait ces dernières années dans le pays, l'Algérie s'adonne à une diplomatie stérile, une diplomatie de campagne. M. H.