Regrettant les déclarations du Premier ministre algérien, dans lesquelles il avait exclu la réouverture des frontières entre les deux pays dans la conjoncture actuelle, Rabat estime qu'il s'agit d'un recours à “des arguments ou à des préalables injustifiés pour maintenir le statu quo”. Après un silence de quarante-huit heures, le ministère marocain des Affaires étrangères a répondu à Ahmed Ouyahia, à travers un communiqué officiel dans lequel il affirme : “Le Royaume du Maroc, loin de toute considération conjoncturelle ou alibi artificiel, demeure engagé avec force et sincérité, sur la voie d'une véritable normalisation des relations bilatérales, au bénéfice des deux peuples frères, porteurs et acteurs d'une relation bilatérale forte et dense.” Le Maroc a regretté “le recours, une fois de plus, par les autorités algériennes, à des arguments ou à des préalables injustifiés pour maintenir le statu quo, faire reculer l'échéance de la réouverture des frontières entre les deux pays, et perpétuer une situation singulière et exceptionnelle dans le monde, et qui constitue une entrave sérieuse au droit à la libre circulation des populations des deux pays”. Rappelant que lors d'une conférence de presse tenue le 29 mai, le Premier ministre algérien a évoqué les relations bilatérales entre le Maroc et l'Algérie, notamment la question des frontières terrestres fermées, le communiqué a qualifié de “surprenante à plus d'un titre, la déclaration du chef du gouvernement algérien, à la fois sur le fond et le timing, le communiqué rappelle qu'aucun responsable marocain n'a évoqué le rôle de l'Algérie dans la facilitation du recrutement ou du passage des mercenaires vers la Libye”. La même source souligne que “même si de nombreux membres de l'opposition libyenne et des médias internationaux ont largement évoqué la responsabilité algérienne, les officiels marocains se sont abstenus d'aborder ou d'exploiter ce sujet, de quelque manière que ce soit”. Quant au rôle joué par l'agence de presse officielle marocaine Maghreb arabe press (MAP), expressément citée par Ahmed Ouyahia, le communiqué indique qu'elle “s'est contentée de rapporter les différentes déclarations, positions et analyses relatives à cette question”. Il est ajouté qu'“à l'instar d'autres agences de presse, chaînes de télévision et sites Internet, la MAP s'est limitée à reprendre des éléments d'information ou des déclarations, en prenant soin, déontologie oblige, de se référer à leurs sources, qu'elles soient politiques, journalistiques et académiques, européennes, africaines ou encore américaine”. À partir de là, la partie marocaine s'interroge “sur le recours ciblé à la seule MAP, sur un sujet abondamment traité à l'international, pour justifier le maintien de frontières fermées avec le Maroc”. Le communiqué précise que “la remarque vaut tout autant pour l'évocation par le Premier ministre algérien d'une soi-disant agitation du lobby officiel marocain aux Etats-Unis”. “L'étonnement du Maroc est d'autant plus grand que les relations bilatérales ont connu une évolution prometteuse au cours des derniers mois, à la faveur des échanges de visites ministérielles fructueuses dans plusieurs domaines de coopération, identifiés au demeurant, par la partie algérienne”, insiste le MAE marocain, qui estime qu'“il est légitime de s'interroger sur l'opportunité de relever l'évolution des échanges commerciaux "informels" entre les deux pays, dans le contexte de frontières terrestres fermées. Ce constat laisse perplexe au regard des risques multiples et trafics en tous genres engendrés par le développement de l'économie informelle, au-delà des pertes fiscales conséquentes pour les deux pays”.