C'est, du moins, ce que redoutent les propriétaires des établissements vandalisés par des jeunes qui ont dénoncé, par des actions de protestation dans la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 mai, “le racolage sur la voie publique”. Tichy, à la veille de l'ouverture officielle de la saison estivale, le 2 juin. Une seule question taraude les esprits des habitants de cette coquette ville balnéaire. Est-ce qu'il est possible de sauver la saison après les derniers évènements ? Lesquels évènements ont mis Tichy sous les feux des projecteurs. Une publicité dont on se serait bien passé. D'où les commentaires, suscités et répercutés via divers supports médiatiques. La question mérite d'être posée. L'impact économique du tourisme est plus que certain dans le cas de cette commune de la côte est. En effet, l'activité touristique participe activement au dynamisme global de l'économie de Tichy. Sur ce point, tout le monde est d'accord et surtout conscient des enjeux. L'impact est fort aussi sur d'autres secteurs d'activités, qui sont aussi tirés vers le haut. Quand on sait que la saison sera amputée du mois d'août pour cause de ramadhan. D'aucuns estiment que “les carottes sont déjà cuites”, la saison est belle et bien compromise. Il s'agit de sauver les prochaines années. Les plus avertis n'ignorent pas que l'onde de choc aura des répercussions sur les années à venir. C'est la raison, sans doute, pour plaider un retour aux fondamentaux en matière de tourisme, qui passe nécessairement par une vraie politique publique. Et pour l'heure, il s'agit de redémarrer une machine, grippée pour longtemps par un épisode fâcheux, qui aurait pu prendre des proportions alarmantes. Forcément, l'atmosphère est lourde aujourd'hui à Tichy. Et la suspicion est de mise. Tout le monde semble effectivement sur le qui-vive. Il est difficile d'aborder les citoyens dans la rue. Et pour cause ! Il y a trois semaines, la nuit du jeudi 5 au vendredi 6 mai, la ville a failli connaître un drame. Une partie de la population a, après un rassemblement tenu devant le siège de la sûreté de daïra, saccagé huit complexes hôteliers, accusés de faire dans l'industrie du sexe. Les propriétaires d'hôtels, à l'instar de l'hôtel Club Alloui, le Syphax, le Saphir Bleu, la Grande Terrasse, la Villa d'Est et le Golf, ont vu leurs façades et parkings vandalisés et plusieurs voitures de leurs clients endommagées. La contre-offensive des propriétaires d'hôtels a été immédiate. Une plainte collective a été déposée à l'encontre de 25 manifestants, qu'ils auraient identifiés. Les propriétaires de véhicules endommagés ont, quant à eux, déposé des plaintes individuelles. Les dégâts matériels sont importants. Depuis, les protagonistes se regardent en chiens de faïence. À la contre-offensive des uns, qui ont porté l'affaire en justice, les protestataires ont riposté par une autre action de rue. Ils ont tenu, jeudi dernier, un sit-in devant le commissariat de police. Un seul mot d'ordre : la fermeture des boîtes de nuit de la ville. Et il n'est pas sûr que le mouvement s'arrête de sitôt ou sur un coup de baguette magique. Les manifestants, jeunes pour la plupart, accusent les établissements hôteliers de faire travailler des entraîneuses. Lesquelles, a-t-on indiqué, se sont muées en prostituées qui arpentent les rues de Tichy à la recherche de clients. Les habitants, ont témoigné certains sous le sceau de l'anonymat, se disent “heurtés” de voir tous les jours ces filles de joie, reconnaissables à leurs allures, investir tous les espaces publics. “Quand elles se faisaient discrètes, elles étaient tolérées”, a expliqué Abderrahmane, plutôt proche des propriétaires hôteliers. Mais depuis qu'elles se sont rendues plus visibles et se montrent avec ostentation par le port de tenues légères, la réaction ne s'est pas fait attendre. Pour une région, connue pour son conservatisme, “trop, c'est trop”. Et pour éviter les raccourcis, relayés par divers canaux, nos interlocuteurs n'ont cessé de rappeler avec insistance : “Nous ne sommes pas contre les hôtels, les bars ou autres débits de boissons. Nous sommes contre le racolage sur la voie publique. Et plus encore contre le tourisme sexuel. Quant à ceux qui nous taxent d'islamistes ou de rouler pour des islamistes, nous les invitons à se joindre à notre mouvement. Ils se rendraient compte du contraire.” Pour leur part, les propriétaires des complexes touristiques n'aspirent qu'à travailler dans le respect des lois. C'est devenu leur leitmotiv. Bien qu'on n'ait pas les chiffres pour mesurer le poids économique et social du tourisme dans cette localité, le tourisme est un gros pourvoyeur de postes, des milliers d'emplois directs et indirects. Et en période estivale à Tichy, on recrute à tour de bras. Emplois, caractérisés par une forte saisonnalité et un faible niveau de qualification et de rémunération. Quid de l'administration ? Comment les responsables ont géré cette crise ? On peut dire qu'ils ont adopté une attitude qui n'a pas arrangé les choses. Plutôt sur la défensive. Il est vrai que les politiques se sont mêlés, mais de là à adopter une attitude passive...