Le président déchu tunisien, Zine el Abidine Ben Ali, et son épouse Leila Trabelsi seront jugés par contumace “dans les jours ou les semaines à venir” pour deux premières affaires, a déclaré ce week-end un porte-parole du ministère de la Justice du gouvernement de transition. Les deux accusés, le tyran de Tunis et sa campagne sont en fuite en Arabie Saoudite depuis le 14 janvier, le jour où la Tunisie a ouvert le bal du printemps arabe. Le royaume saoudien leur a offert l'asile officiellement au nom d'un principe qui établit que les Lieux saints ne pouvaient être fermés aux musulmans, quels qu'ils soient. L'offre reste controversée et les Tunisiens se demandent si un jour Ryiad consentira à extrader ses invités dans leur pays ? En attendant cette bataille procédurière qui va faire jurisprudence dans le monde arabe et qui devrait se conformer aux nouvelles pratiques ailleurs dans le monde où les dictateurs sont livrés à leur propre justice sinon à celle de tribunaux internationaux, la Cour pénale de Tunis ouvre deux dossiers des Ben Ali. Le premier procès portera sur “la découverte d'armes et de drogues dans le palais présidentiel de Carthage”, selon le porte-parole du ministère de la Justice. Ce ministère avait annoncé le 10 mars la saisie de près de deux kilogrammes de stupéfiants dans le bureau privé du président déchu au palais de Carthage. La deuxième action en justice portera sur les 27 millions de dollars en liquide découverts en février par la commission tunisienne anticorruption dans un palais de Ben Ali à Sidi Bou Saïd, dans la banlieue nord chic de Tunis. Au total, 88 enquêtes sont en cours concernant le couple Ben Ali, sa famille et d'anciens ministres et responsables du régime déchu, a-t-on indiqué chez les juges chargés de l'instruction du procès de l'ex-président. Leur état d'avancement est de 70 à 80%, ajoutent des sources convergentes. Trente-trois membres du clan Ben Ali et de celui de son épouse Leïla Trabelsi avaient été interpellés dans les jours suivant la chute de son régime. Ces affaires concernent des cas d'homicide volontaire, d'abus de pouvoir, de malversations, de trafic de pièces archéologiques, de blanchiment d'argent et de violation de la réglementation sur les marchés publics. Bref, tous les griefs et accusations contre un régime autoritaire. Plusieurs pays européens ont gelé les avoirs de l'ex-président tunisien et ceux de sa famille, qui s'étaient considérablement enrichis pendant ses 23 ans de pouvoir. Ben Ali a fait appel à un avocat libanais de renom pour assurer sa défense devant les tribunaux tunisiens et internationaux. Les Tunisiens s'attendent à un grand déballage sur les affaires de celui qui les a menés d'une main de fer et qui de l'autre a servi copieusement ses proches et sa belle-famille. Une des sœurs de Ben Ali a été entendue par le tribunal pour ses actions contre-révolutionnaires durant l'insurrection de la population contre le régime policier de son frère.