Zohra Drif Bitat est passée, hier, devant la commission Bensalah pour faire ses propositions de sortie de crise. La moudjahida, sénatrice, connue pour avoir pris des positions courageuses, y compris en remettant en cause la politique de son ami, le président Bouteflika, va plus loin cette fois-ci. “On ne peut plus gérer le pays comme on le faisait il y a dix ans ou cinquante ans.” Le changement s'impose et Mme Drif ne croit pas au “changement dans la continuité” cher aux partis de l'Alliance présidentielle. Pour elle, il faut dissoudre le Parlement et le gouvernement, et nommer une équipe chargée d'assurer la transition, en attendant l'élection d'une Constituante. Le tout devrait obéir à un calendrier clair qui ne saurait dépasser la date symbolique du 1er novembre 2011. Durant cet intervalle, le président de la République pourrait légiférer par ordonnance, préconise-t-elle. La sortie de Mme Drif vient contredire la fausse assurance qu'essayent de dégager les partisans du maintien du statu quo. Pour elle, le changement doit être profond et véritable, et pas de façade. Alors que les partis de l'Alliance présidentielle sont franchement opposés à l'idée d'une Constituante, la sénatrice vient apporter son soutien aux voix de l'opposition qui réclament l'élection d'une Assemblée constituante qui aura pour tâche de préparer la nouvelle Constitution. En attendant de voir ce que proposeront les autres personnalités et les autres partis ayant accepté l'invitation de la commission Bensalah, les opposants à cette démarche ont, quand même, donné leurs points de vue, par médias interposés, au sujet des changements à opérer. Il reste à savoir comment, à la fin du mois de juin, le président de la République va faire avec la synthèse de toutes ces propositions ? Va-t-il s'en servir ? Ou a-t-il déjà son plan de réformes en tête ?