C'est en présence du cinéaste Mohamed Lakhdar Hamina, de Mustapha Bouchachi, de Amin Zaoui et de nombreux acteurs et artistes algériens que le dramaturge algérien Slimane Benaïssa a présenté avant-hier à la salle Sierra Maestra d'Alger “Wel moudja wellat” (Et la houle revient), sa nouvelle pièce théâtrale. La pièce se veut une continuité de Youm el djemaâ hhardjou ryam, Babor ghrak et Boualem zid el goudam, même si cette fois Boualem, toujours vêtu de son modeste blue-jean, est seul sur scène pour raconter l'histoire tumultueuse d'un pays de l'avènement des Phéniciens à ce jour. Le monologue est écrit, réalisé et interprété par Slimane Benaïssa, toujours dans la peau de Boualem. Comme dans les anciens spectacles, Benaïssa fait parler “Djeddi”, ce grand-père courageux et toujours digne qui a vécu une ère allant de la colonisation de son pays à la confiscation des libertés, en passant par les tentatives de détournement de son histoire, la corruption et autres sujets brûlants. Le tableau qui décrit cette histoire et le destin du grand-père dont “la conscience qui ne dort jamais” se veut comme un long poème parfois douloureux. Le décor de la scène, réalisé par l'artiste Larbi Arezki sur laquelle évolue Boualem, est toujours modeste à l'image du personnage principal. On y trouve un chevalet, une horloge démunie d'aiguilles, un escabeau et un porte-manteau sur lequel sont fixés un burnous blanc, le bâton et un chapeau de paysan. Mais à ce décor va s'ajouter à la fin du spectacle un autre élément, une pancarte sur laquelle ont peut lire en tamazight, en arabe et en français “Plus jamais ça”. Slimane Benaïssa sera tout ému lorsque la salle se lève pour le saluer durant plus de deux minutes. L'auteur du spectacle, visiblement très touché, dira : “Chers amis, j'ai fait le tour du monde avec mon théâtre et ce n'est pas les salles qui se lèvent qui m'ont manqué mais j'ai toujours rêvé d'une seule chose, c'est d'être en face de vous”, lâchera-t-il, avant de remercier le public de l'avoir aidé à réaliser ce rêve. Pour Lakhdar Hamina, c'est un spectacle hors pair fait par un poète et un écrivain de grand talent et qui doit faire le tour d'Algérie. “C'est un spectacle qui raconte l'histoire de l'Algérie, sa culture dans une langue populaire, un spectacle qui me réconcilie avec la langue algérienne de chez moi”, nous dira le cinéaste algérien à la fin de la présentation. À noter que la présentation de la pièce, faite récemment à Tizi Ouzou, Ghardaïa et Béjaïa, se poursuivra jusqu'au 14 juin à la même salle.