L'accusation portée par le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Saïd Barkat, contre les députés du Front de libération nationale (FLN), les traitant de “harkis”, a suscité une vive réaction chez le parti majoritaire. Ce dernier vient en effet de décider d'intenter une action en justice pour diffamation contre Saïd Barkat. “Tout en se réservant le droit de recourir à la justice pour obtenir réparation du dommage moral causé par cette déclaration diffamatoire, les députés du parti du FLN refusent à quiconque le droit de s'ériger en donneur de leçons, en matière de nationalisme et de patriotisme, et se réservent le droit de recourir aux voies de droit pour demander réparation devant la justice, conformément aux dispositions de l'article 296 du code pénal”, explique le groupe parlementaire du parti majoritaire dans les assemblées locales élues et à l'APN dans un communiqué rendu public hier. Indignés par les propos du ministre de l'Agriculture, tenus, pour rappel, le 9 octobre dernier, à l'occasion d'une rencontre régionale de la Coordination nationale des enfant de chouhada (CNEC) dans la wilaya de Skikda, les députés de la formation d'Ali Benflis expriment leur “profonde consternation devant ces propos irresponsables qui émanent d'un membre du gouvernement que sa fonction et l'éthique politique obligent au respect et à la considération dans ses relations avec le pouvoir législatif, représentant du libre choix populaire”. Les propos de Saïd Barkat, réputé, du reste, être un ministre du Président et membre du mouvement putschiste de “redressement” contre le FLN, sont dans le même temps considérés par les députés FLN comme attentatoires au passé révolutionnaire des parlementaires, ainsi qu'à celui de leurs familles. Les graves accusations du membre du gouvernement d'Ahmed Ouyahia sont, par ailleurs, considérées par les parlementaires comme étant une “escalade dans la campagne ignoble” fomentée par le clan présidentiel contre “le FLN, ses militants et ses élus”, depuis la tenue du VIIIe congrès du parti, en mars dernier, qui a consacré son autonomie décisionnelle. L'autre moyen de riposte du parti majoritaire contre les accusations du ministre du Président réside dans le dépôt, sous peu, sur le bureau de l'Assemblée populaire nationale (APN), d'une question orale à ce propos. Cette question qui sera adressée à Saïd Barkat en tant, disent-il, que “membre du gouvernement” a pour objectif d'acculer le ministre et de l'obliger à donner des preuves, s'il en a, devant l'opinion publique de ce qu'il avance. Contacté, hier, à maintes reprises, pour plus d'informations et de détails, Saïd Barkat était, selon ses secrétaires, “absent”. Son silence est pour le moins inexpliqué, après les graves accusations qu'il vient de faire. En revanche, Ouahid Bouabdellah assume pleinement ces propos. Contacté, hier, par nos soins, ce député de Tlemcen, ex-PDG de Cosider, nous a affirmé qu'il y a “des fils de harkis au comité central du FLN”. “Avez-vous des preuves de ce que vous avancez”, avons-nous interrogé ? “Oui, j'ai des preuves, mais je ne vais pas les rendre publiques maintenant. Je le ferais lors de la prochaine présidentielle.” Faut-il prendre au sérieux les déclarations de Bouabdellah ? En tous cas, seules des preuves tangibles peuvent accréditer ses dires. Dans le cas contraire, ses accusations contre le FLN sont considérées comme étant de la diffamation. Toujours est-il, du côté du FLN, on défie aussi bien Ouahid Bouabdellah que Saïd Barkat d'appuyer, par des preuves, leurs déclarations. L'affaire ne fait que commencer. N. M. Le Conseil d'Etat rendra son Verdict Aujourd'hui C'est aujourd'hui qu'on connaîtra le verdict du Conseil d'Etat sur l'appel introduit par le FLN, suite à la décision judiciaire interdisant la tenue du congrès extraordinaire de ce parti. La décision judiciaire, pour rappel, a été rendue par la juge Ania Benyoucef, le mercredi 1er octobre, à minuit, à travers la procédure de référé d'heure à heure, utilisée traditionnellement dans les cas d'extrême urgence. L'instruction de cette affaire comporte, semble-t-il, trois vices de forme. Le premier : le président de la cour d'Alger n'était pas informé de l'affaire. Le second : l'usurpation, à ce jour non démentie, de la signature du procureur général adjoint par le procureur général qui a indûment signé ladite décision. Le troisième : la plainte des “redresseurs”, déposée auprès de la chambre administrative et portant le nom du député FLN Ferhat Bachir à son insu, vient d'être dénoncée par ce même député qui s'en lave les mains. C'est ce que viennent de faire également les membres des kasmas de la mouhafadha de Tissemsilt, au nombre de 56, qui se sont démarqués, dans un communiqué rendu public hier, des recours introduits en leurs noms contre la validité du VIIIe congrès, en dénonçant “l'utilisation frauduleuse de leurs noms et les cachets de leurs kasmas par le secrétaire général de la mouhafadha”. N. M.