Consciente des conséquences négatives qui résulteront d'un accueil de Mouammar Kadhafi sur son sol, en raison des poursuites judiciaires, dont il pourrait faire l'objet, l'Algérie maintient sa position de neutralité dans le conflit libyen, même si cela lui a valu de nombreuses accusations. Depuis le début de la contestation en Libye en février dernier, l'Algérie a eu à se justifier à plusieurs reprises sur sa position de neutralité vis-à-vis de ces évènements dans le cadre de son engagement pour la solution proposée par l'Union africaine. Même si elle n'a pas rompu avec le régime du colonel Kadhafi, l'Algérie, qui a une frontière de 900 km avec la Libye, a opté pour une position de neutralité, qui n'a pas été du goût de nombreuses capitales européennes. En effet, son refus de s'aligner sur les positions occidentales et de certains pays arabes visant à se débarrasser du colonel Kadhafi, lui a valu des accusations de soutien au régime libyen, notamment l'envoi de mercenaires et même d'armes. Pour rappel, dès le début de la crise libyenne, l'Algérie a clairement affiché sa position qui fonde l'action diplomatique algérienne depuis l'Indépendance, à savoir “la non-ingérence dans les affaires des autres”. Elle s'est, cependant, impliquée dans le processus de médiation de l'Union africaine pour contribuer à ramener à la raison les deux belligérants. Le gouvernement algérien a refusé de céder aux multiples pressions qui s'exercent sur lui pour rompre avec Tripoli, à l'instar de la majorité des pays africains. Ceci étant, il a fallu que le général américain Carter F. Ham, commandant de l'Africom, démente ces accusations lors de son récent séjour en Algérie pour que la pression baisse un peu. “Je n'ai rien vu d'officiel ou de rapport qui fasse état d'envoi par l'Algérie de mercenaires en Libye”, avait-il déclaré, lors d'une conférence de presse organisée à l'ambassade des Etats-Unis à Alger. Mais, depuis que l'option d'un exil de Mouammar Kadhafi est d'actualité après l'offre turque, les mêmes sources qui étaient derrière l'histoire des mercenaires sont revenues à la charge pour affirmer que le chef de l'état libyen allait se réfugier en Algérie. Coupant court à ces velléités, le ministère algérien des Affaires étrangères a démenti l'information dimanche soir. En réponse à une question de l'APS sur le prétendu exil du colonel Mouammar Kadhafi en Algérie, tel que rapporté par des chaînes de télévision étrangères, le porte-parole du MAE, M. Amar Belani, a déclaré qu'il s'agit d'“affabulations que je démens de la manière la plus catégorique”. Ainsi, pour Alger, c'est la reconnaissance des états qui prévaut sur celle des régimes, d'où le fait que Tripoli a toujours son ambassade ouverte à Alger et vice-versa. Il n'en demeure pas moins que cela n'a pas empêché les autorités algériennes de geler des avoirs libyens en Algérie et d'avoir des contacts avec le Conseil national de transition libyen. Cette position ne semble pas déplaire aux états-Unis, qui renforcent leur coopération antiterroriste avec l'Algérie, comme en témoigne cette visite à Alger, d'une délégation américaine conduite par un haut diplomate pour discuter des “risques de prolifération d'armes de tous types” liés à la crise libyenne et susceptibles d'alimenter les réseaux extrémistes. M. Mark Adam, haut conseiller au Bureau des affaires politiques et militaires auprès du département d'état, est arrivé dimanche dans la capitale algérienne pour une visite prévue de s'achever mardi, selon un communiqué de l'ambassade US. Par ailleurs, il y a lieu de rappeler que trois importants responsables américains se sont récemment rendus en Algérie pour des entretiens sur ces questions. Il s'agit du conseiller principal du président Obama pour la sécurité intérieure et la lutte antiterroriste John Brennan, le 17 janvier, du coordonnateur de la lutte antiterroriste au département d'état Daniel Benjamin, venu les 3 et 4 mars, et aux premiers jours de juin du commandant du Commandement américain pour l'Afrique (Africom) le général Carter Ham.