Au cours du forum algéro-français, trois accords ont été conclus. Le premier porte sur la réalisation d'une usine de médicaments à Sidi Abdallah. En effet, le projet de Sanofi-Aventis de construire une nouvelle usine de médicaments et un centre de distribution à Sidi Abdallah, près de Zeralda, a été finalisé. Les grandes lignes du contrat ont été communiquées officiellement au cours du forum de partenariat Algérie-France, tenu les 30 et 31 mai derniers. Le dossier Sanofi-Aventis, faisait partie de la pile de dossiers stratégiques pour lesquels Jean-Pierre Raffarin, l'envoyé spécial de l'Elysée pour les affaires économiques en Algérie, a négocié durant près d'une année avec les autorités algériennes. Ce projet qui avait reçu la validation du Conseil national des investissements, et dont une convention d'investissement a été signée avec l'Andi en février 2011, coûtera 6,6 milliards de dinars et produira à terme 80% des volumes de différentes formes pharmaceutiques distribuées sous le label Sanofi en Algérie. Les médicaments produits concernent les maladies des domaines de l'oncologie et du diabète, des maladies thrombotiques, cardiovasculaires, du système nerveux central ou encore de la médecine interne, ce qui devrait permettre à l'Algérie de réduire ses importations en médicaments, et par ricochet la facture d'importation dont le volume 1,66 milliard de dollars en 2010, ne cesse d'inquiéter. L'objectif affirmé par les institutions publiques est clair : développer la fabrication locale des médicaments afin de produire en Algérie 70% des besoins en médicaments. Ce projet, outre le fait qu'il intègre des transferts de technologie, sera créateur de valeur ajoutée et d'emplois. Depuis 2002, Sanofi-Aventis Algérie a établi de nombreux partenariats avec des producteurs locaux tels que Saidal, Prodiphal Production, Biopharm et Sandoz. Sanofi-Aventis Algérie, qui emploie plus de 630 collaborateurs, a réalisé en 2010 un chiffre d'affaires de 20,7 milliards de dinars. Le laboratoire dispose aujourd'hui de deux usines : une à Aïn Benian (12 millions d'unités en formes liquides), une autre à Oued Smar (17 millions d'unités en formes sèches) en partenariat (70/30%) avec Saidal et Winthrop Pharma. Le portefeuille de Sanofi-Aventis en Algérie, comporte 162 médicaments commercialisés, dont 52 fabriqués localement (43 princeps et 9 génériques) sur ses propres sites et 8 chez ses partenaires locaux. Avec 32 millions d'unités en 2009 et 36 millions en 2010, Sanofi-Aventis se positionne comme le premier producteur privé local. Sa part du marché s'élève à 13,5%. Le laboratoire est également le premier investisseur étranger en production locale et le deuxième au niveau national derrière l'opérateur public Saidal. L'assureur français s'installe en Algérie Pour sa part, l'assureur français Axa a signé, le 31 mai à Alger, l'accord de partenariat lui permettant d'opérer en Algérie avec deux entreprises publiques, la Banque extérieure d'Algérie (BEA) et le Fonds national d'investissements (FNI). Au terme de cet accord, Axa et ses deux partenaires ont créé une coentreprise dont l'assureur français assurera le management et possèdera 49% des parts, la BEA 15% et le FNI 36%. Selon l'accord conclu, AXA aura une participation de 49% dans la compagnie d'assurances qu'elle lancera en Algérie tandis que les 51% restants seront répartis entre la BEA (15%) et le CNI (36%). Les capitaux de ces entreprises sont fixés au minimum prévu par la loi du pays d'origine, soit 1 milliard de DA (10 millions d'euros) en assurance-dommages, 2 milliards de DA (20 millions d'euros) en assurance-vie, qui augmenteront avec leur développement sur le marché. “C'est un accord qui vise à nous permettre de développer nos activités dans l'ensemble des branches sur le marché algérien. Ça se fera sous marque Axa puisque la société s'appellera AXA Algérie Assurance”, a déclaré le dirigeant d'Axa pour la région Méditerranée et Amérique latine Jean-Laurent Granier, en marge du forum algéro-français. Le management est confié à AXA, explique-t-il, “parce qu'AXA amène sa connaissance technique, son expertise sa technologie sur le marché algérien”. “Nous allons commencer en développant une distribution à la fois propre avec des points de vente AXA, des établissements AXA, mais également en bancassurance en profitant de l'accord pour développer la bancassurance via le réseau de la BEA.” Concernant les produits proposés, Jean-Laurent Granier indique que “nous démarrons avec des produits pour les particuliers et des produits pour les entreprises. Les produits pour les particuliers seront bien sur le produit auto, celui qui est obligatoire et que tout le monde souhaite avoir. Mais également des produits d'assurance-vie, dans le cadre de notre partenariat avec la BEA, notamment les produits emprunteurs et les produits décès accident pour permettre au gens qui empruntent d'avoir une couverture en cas de décès”. Pour les entreprises AXA Algérie Assurance démarrera avec deux types de produits. Des produits en multirisques professionnels, notamment pour les artisans ou les PME-PMI et également des produits très importants. Des produits de prévoyance et santé collective, des produits pour les employés des entreprises. “La forte innovation que nous amenons sera notamment de faire des produits en frais médicaux et en santé qui seront des produits qui prendront une couverture total des frais médicaux”, précise le dirigeant d'AXA. AXA est le deuxième assureur français, après la Macif, à être autorisé à s'installer en Algérie. AXA Algérie Assurance table sur 87 millions d'euros de chiffre d'affaires en Algérie au cours des cinq prochaines années. La société Alver Absorbée Bloquée depuis trois ans, suite à un différend relatif au prix de cession contesté par le collectif des salariés, le contrat de cession d'Alver (Oran) au groupe Saint-Gobain, a été finalisé à la faveur de la tenue à Alger du forum de partenariat algéro-français. À la faveur de ce contrat, cette filiale du groupe industriel des verres et abrasifs (Enava) a été cédée à 100% au groupe français. C'est donc une privatisation à 100% décidée par les pouvoirs publics. Le montant de l'acquisition, par le groupe français d'Alver, n'a pas été dévoilé. L'Etat qui a instauré la règle 49/51 régissant le partenariat et l'investissement à travers la loi de finances complémentaire 2009, n'a pas appliqué dans le cas de cette cession à 100% au groupe français. Sur ce sujet, le ministre de l'Industrie a expliqué lors de la conférence de presse sanctionnant le forum de partenariat Algérie-France que les négociations au sujet de l'entreprise Alver ont débuté en 2007, ce qui signifie que la règle 49/51 ne s'applique pas dans ce cas, car la loi n'a pas un effet rétroactif. Les discussions portaient sur des éléments extérieurs à l'accord de privatisation lui-même. Le dossier piétinait, car il y avait une question de dettes à régler, et de l'opposition de ses employés à sa privatisation et sa cession à un groupe étranger par crainte de licenciements. La veille de la tenue du forum, le ministre de l'Industrie, M. Mohamed Benmeradi, avait précisé que les difficultés qui entravaient la réalisation de ce projet ont été “aplanies”. “Les salariés seront maintenus selon des engagements et un cahier des charges bien scellés. Les intérêts des travailleurs seront préservés”, a déclaré Abdallah Henni, directeur général du groupe Enava, à l'issue de la signature du contrat. Alver-Saint-Gobain Algérie a inscrit dans son plan d'action de passer à l'exportation. “La tendance sera inversée dans les cinq années à venir. Alver-Saint-Gobain exportera vers les pays méditerranéens et peut-être ailleurs. Compte tenu de la notoriété de l'entreprise, nous n'avons pas de doute”, a précisé Abdallah Henni. Pour sa part, Jérôme Fessard, responsable du pôle conditionnement de Saint-Gobain, a souligné que le groupe est le premier producteur mondial de verre d'emballage pour l'industrie agroalimentaire. Il a annoncé que l'usine Alver d'Oran sera considérablement modernisée. “Nous allons y opérer des transferts de technologie importants.”