Le projet de Sanofi-Aventis de construire une nouvelle usine de médicaments et un centre de distribution à Sidi Abdallah, près de Zeralda, a fait partie de la pile de dossiers «stratégiques» pour lesquels Jean-Pierre Raffarin, l'envoyé spécial de l'Elysée pour les Affaires économiques en Algérie, a négocié durant près d'une année avec les autorités algériennes. Son succès après le feu vert qu'il a reçu des autorités algériennes en fait, selon le PDG de Sanofi-Aventis Algérie, Thierry Lefebvre, un «modèle de partenariat» algéro-français dans l'industrie et la technologie pharmaceutiques. L'accord sur la construction de cette unité à l'intérieur du technopôle de Sidi Abdallah a été réglé dans le courant de l'année 2010. Il a été validé par le Conseil national de l'Investissement (CNI) à la fin de la même année avant qu'une convention finale ne soit signée en février 2011 par le groupe pharmaceutique français et l'ANDI. Les grandes lignes du contrat n'ont été communiquées officiellement qu'au cours du forum de partenariat Algérie-France, les 30 et 31 mai derniers, sans doute par souci de marketing et pour mieux appuyer cette rencontre dont on attend toujours le bilan définitif. Elles confirment, toutefois, ce que les observateurs du marché algérien du médicament savaient déjà : le nouvel établissement industriel, retardé par la recherche d'une assiette foncière, coûtera 6, 6 milliards de dinars et produira à terme 80% des volumes des différentes formes pharmaceutiques distribués sous le label Sanofi en Algérie. Il a bénéficié, aussi, du fort soutien du ministre de l'Industrie, de la PME et de la Promotion de l'investissement, Mohamed Benmeradi. Premier investisseur après Saidal Sa mise en service, espère M. Benmeradi, devrait stimuler l'investissement privé étranger dans le secteur du médicament en Algérie. Elle atteste, chez le fabricant français, numéro 1 européen et numéro 5 mondial de l'industrie pharmaceutique, d'une stratégie payante qui fait de lui, aujourd'hui, le premier investisseur du secteur après Saidal. L'opérateur, qui détient 13, 5% de parts de marché et qui a réalisé un chiffre d'affaires de 20,7 milliards de dinars en 2010, poursuit depuis 1997-1998 un plan d'investissement pour s'installer durablement dans un marché qui devrait dépasser les 3 milliards de dollars en 2013. Et où le principal enjeu, pour les autorités algériennes, est de réduire une facture d'importation dont l'épaisseur, 1, 66 milliard de dollars en 2010, ne cesse d'inquiéter. Sanofi-Aventis dispose aujourd'hui de deux usines : une à Aïn Benian (12 millions d'unités en formes liquides), une autre à Oued Smar (17 millions d'unités en formes sèches) en partenariat (70/30%) avec Saidal et Winthrop Pharma. 43% de son activité en volume (32 millions d'unités en 2009 et 33 millions en 2010) a été réalisée en production locale. Enjeux futurs Avec l'unité de Sidi Abdallah, pour laquelle la règle du 51/49% n'est pas appliquée en raison de l'antériorité du projet par rapport à la LFC 09 mais certainement aussi en raison de sa valeur ajoutée pour l'économie nationale, le groupe français, confirme que «ses perspectives en Algérie s'inscrivent parfaitement dans la stratégie de ( ) développer la filière industrielle et en particulier celle du médicament issu de l'innovation et du générique», indique le PDG, Thierry Lefebvre. Cette ambition répond à l'objectif de l'Algérie de produire d'ici quinze à vingt ans 70% de ses besoins en médicaments. Elle signale que Sanofi-Aventis entend bien se placer pour la production du générique, un des enjeux cruciaux du futur, notamment pour des spécialités demandées en Algérie et déjà inscrites dans son portefeuille national comme l'oncologie, la diabétologie, la cardiologie, la gastro-entérologie, la thrombose, la pneumologie, la neurologie et l'antibiothérapie.