Nous avons présenté, la semaine passée, les deux facteurs de l'éveil politique mondial et nous nous étions arrêtés à la question de la crise financière internationale de 2008, comme indicateur de la crise d'ajustement des institutions marquant l'avènement des NTIC. Il faut rappeler que nous produisons pour dégager une valeur ajoutée. Celle-ci mesure la différence entre la valeur du produit fini et la valeur des matières primaires qui ont servi à sa réalisation. Elle rémunère le capital et le travail. Ce que nous avons enregistré, c'est un partage inéquitable entre la rémunération du travail et celle du capital au détriment du travail. C'est posé le pouvoir d'achat des salariés pour consommer l'offre réalisée par le secteur productif de biens et de services. Alors, est venue l'idée d'améliorer le pouvoir d'achat par la dette et non l'augmentation des salaires. D'où les prêts accordés aux travailleurs pour leurs vacances, pour les études des enfants, pour l'achat de maisons etc. Ces prêts étaient réalisés à travers le système bancaire, mais ce dernier obéît à des règnes prudentielles, sa capacité des prêts est limitée. Ensuite est venue l'idée d'importer l'épargne des pays qui en dégagent beaucoup : le Japon, la Chine, les pays exportateurs d'hydrocarbures. Ces pays ont commencé à placer des réserves importantes dans les pays de l'Ouest. Même cette formule a une limite. C'est alors l'apparition des NTIC. Pourquoi les NTIC se sont installées en force dans le secteur financier ? Tout simplement parce que la technologie “hardware” de la finance est le transport des lettres et des chiffres. Qui mieux que les NTIC peut réaliser ce transport ? C'est la raison de l'installation de cette technologie dans ce secteur en l'absence d'institutions adéquates pour contrôler les opérations. Il faut bien noter que cette crise a une dimension spéculative, celle du comportement des opérateurs sur le marché financier international, mais aussi une dimension technologique, c'est celle de la transition de la domination de la technologie industrielle vers la domination de la technologie des NTIC. Les spéculations n'ont pu être réalisées que parce qu'une nouvelle technologie a facilité la tâche. Les NTIC se caractérisent par (1) la démocratisation positive de l'accès au savoir (2) l'enseignement à distance qui permet une formation de qualité, jamais imaginée auparavant (3) la place de plus en plus importante des services dans la création de richesses mondiales ; elles en représentent plus des deux-tiers (4) la globalisation de la production, du commerce et de la finance ; bientôt, le “made in” n'aura plus de sens puisque les produits traversent plusieurs frontières dans leur processus de production. Mais il y a des dangers, le changement climatique, la pénurie des ressources énergétiques non renouvelables (hydrocarbures notamment), la pénurie des ressources en eau. C'est la domination d'une nouvelle technologie qui impose des changements significatifs. Ils s'expriment de différentes manières, mais la leçon est unique : tout ce qui a fonctionné par le passé, ne fonctionnera pas à l'avenir. En conclusion, il y a un éveil politique mondial, menacé par le paradoxe d'une vie meilleure grâce aux progrès technologiques rapides et prodigieux d'une part et des détériorations dans les mentalités et les comportements humains, d'autre part ; avec des sociétés qui dérivent vers la violence, le fatalisme et le chaos. À crise inédite, solution inédite. Le monde a besoin d'un nouveau type de dirigeants, capables d'inventer, d'innover, de créer de nouvelles stratégies, de nouvelles politiques et plus que tout, inscrits dans l'accélération du progrès. À jeudi prochain. Entre-temps, débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les algériens. À la tentation du pessimisme, opposons la nécessité de l'optimisme !