Le directeur des mines et de l'industrie a expliqué que la capacité totale de production d'agrégats actuellement dans la wilaya est de 3410 000 tonnes par an, soit 50% des besoins satisfaits. À l'horizon 2015, la production attendue est de 17 millions de tonnes/an. Alors que Oued Sebaou continue de subir les coups durs de la mafia du sable qui en extrait sauvagement d'importantes quantités souvent acheminées vers d'autres wilayas, sous le regard passif des autorités, le développement de la wilaya de Tizi Ouzou, notamment en ce qui concerne la construction, ne cesse de faire face à un énorme déficit en matière d'agrégats. La question a fait encore, mercredi dernier, l'objet d'un débat qui a réuni, à l'APW de Tizi Ouzou, élus et membres de l'exécutif qui, en plus des constats dressés, tentaient de trouver de nouveaux mécanismes et des solutions palliatives pouvant assurer un équilibre entre la préservation de la nature qui fait face à un véritable drame écologique et la poursuite du développement, ce domaine où les autorités de wilaya manquent déjà grandement d'audace. L'exemple le plus révélateur et édifiant de la catastrophe écologique engendrée par l'extraction anarchique et sauvage de sable était encore une fois Oued Sebaou. Dans un rapport de situation établi par la direction de l'hydraulique au sujet de ce cours d'eau, il a été relevé que parmi les conséquences néfastes de ces derniers 20 ans d'extraction sauvage que des terrasses entières de terres agricoles ont été enlevées par des engins travaillant illicitement jour et nuit, que la totalité des gabions réalisés pour la protection des berges a été démantelée, l'élargissement du lit du Oued a causé l'effondrement de plusieurs forages et que la conduite alimentant les régions de Makouda, Tigzirt et Iflissen, dont la population dépasse les 100 000 habitants a subi des dégâts très importants au niveau de la traversée. “L'état de l'oued Sebaou est dans une situation alarmante, tant d'autres ouvrages dont des ponts, des forages et des lignes électriques de moyenne et haute tension ainsi que des centaines d'hectares de terre cultivable sont menacées, mais plus grave encore, le Sebaou qui assurait 80% des besoins en eau potable n'assure plus que 42%”, est-il noté dans le rapport en question. Une gigantesque panoplie de textes de loi, de mesures et de techniques pour lutter contre cette situation qui ne cesse, selon le même rapport, de s'empirer, a été présentée mais les élus n'ont pas hésité à souligner leur non-application, pointant ainsi du doigt l'administration et surtout les services de sécurité pour leur laxisme devant la poursuite de ce pillage impunément et ces milliers de camions qui acheminent le sable de l'oued Sebaou, extrait sauvagement, vers d'autres wilayas. À ce sujet, le représentant du wali s'est contenté de dire que cette situation est “le fruit des bizarreries du découpage administratif qui a donné lieu à une confusion des limites administratives entre la wilaya de Tizi Ouzou et Boumerdès”. Néanmoins, ce même responsable avoue qu'“il y a de la complaisance et de l'insouciance dans la lutte contre le pillage de sable”. Pour mettre fin à ce drame écologique qui frappe de plein fouet l'oued Sebaou, la solution, qui a recueillie presque l'unanimité, a été encore une fois celle, ressemblant à une chimère, du remplacement de l'extraction du sable de l'oued par le concassage de la roche et le calcaire de montagne pour combler ce déficit déjà énorme en matière d'agrégats dans la wilaya de Tizi Ouzou. À ce sujet, le directeur des mines et de l'industrie a expliqué que la capacité totale de production d'agrégats actuellement dans la wilaya est de 3410 000 tonnes par an, soit 50% des besoins satisfaits. À l'horizon 2015, la production attendue est de 17 millions de tonnes/an, a-t-il ajouté. Mais pour réussir ce pari, des efforts colossaux semblent nécessaires pour rendre opérationnelles les 12 carrières agréées et en cours d'installation mais non encore lancées, puis les 10 autres non installées et encore relancer les 4 carrières à l'arrêt. Des projets dont la plupart font face à de sérieuses oppositions d'habitants. Selon la commission hydraulique de l'APW, même parmi les 13 carrières autorisées, 7 sont confrontées aux problèmes d'opposition. “Avec autant de problèmes, ce n'est pas demain qu'on aura une meilleure production d'agrégats de carrière”, a souligné la même commission, contrastant avec l'optimisme de l'administration. Entre-temps, ce sont le développement qui prend un coup et la menace écologique qui continue de peser sur l'environnement.