La Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD-Oran) a organisé, mardi, une conférence de presse articulée sur le lancement d'une campagne de soutien international au profit du journaliste et militant actif des droits de l'homme qui subit l'arbitraire et le harcèlement à cause de ses écrits journalistiques dénonçant la corruption dans la wilaya d'El-Bayadh. Hassan Bouras et ses deux sœurs, ayant fait le déplacement au siège de la CNCD et de la Laddh à Oran, ont apporté des témoignages douloureux sur leur vécu. Hassan Bouras affirme que le harcèlement s'abat sur sa famille depuis 2003. À cette date, il est le premier journaliste et défenseur des droits de l'homme emprisonné en application des dispositions introduites (articles 144 et 144 bis) dans le code pénal algérien en 2001. Il est alors condamné par le tribunal d'El-Bayadh pour diffamation à deux années de prison ferme et à cinq années d'interdiction d'exercer son métier de journaliste. En 2008, Hassan Bouras est convoqué par le bureau de la sécurité intérieure d'El-Bayadh où il lui est signifié l'interdiction d'écrire sur les “questions politiques”. Subissant avec sa famille les affres de l'isolement le plus total et les condamnations de justice pour avoir dénoncé la mainmise sur les biens publics de la wilaya par certaines personnes, Hassan Bouras est abandonné par tout le monde. “Même les journaux qui m'employaient m'ont laissé tomber sans aucune forme de bienséance hormis celle de me livrer en pâture à la mafia qui régente la vie à El-Bayadh”, affirme-t-il. C'est dans cet état d'esprit qu'une forte délégation de la CNCD-Oran s'est déplacée le 6 mai dernier à El-Bayadh où elle a rencontré et soutenu Hassan Bouras qui venait de suspendre une seconde grève de la faim de 18 jours. “Nous allons demander l'intervention du Haut-commissariat des droits de l'homme de l'ONU à travers l'interpellation du rapporteur spécial de l'ONU pour la liberté d'expression et de la presse”, a indiqué, pour sa part, le coordinateur de la CNCD-Oran. Le même responsable a souligné la nécessité de faire “intervenir la Laddh pour que soient enclenchés les mécanismes onusiens de protection des militants des droits de l'homme.” L'organisation internationale de défense des droits de l'homme, Human Wrights Watch, est également pressentie pour prendre en charge le cas du journaliste harcelé, a indiqué Chouicha Kaddour. Interdit d'accès à la wilaya d'El-Bayadh, Hassan Bouras sera soutenu par la CNCD-Oran dans une action de pénétration dans l'enceinte de l'édifice public. “Il est tout à fait inadmissible qu'un citoyen jouissant de ses droits civiques soit empêché de pénétrer dans une administration publique. Cet état de fait est tout inique et scandaleux”, a asséné le représentant de la CNCD-Oran. “Je continue de recevoir des lettres de menace de mort et des représailles contre ma famille”, témoigne Hassan Bouras. Il met en évidence le caractère délictueux auquel était soumise sa propre mère dans une tentative de la déposséder de son bien foncier. L'association El-Karama s'est adressée le 2 mai dernier à la rapporteuse spéciale sur la situation des défenseurs des droits de l'homme et au rapporteur spécial sur la liberté d'expression leur demandant d'intervenir auprès des autorités algériennes pour que cessent les persécutions dont font l'objet Hassan Bouras et sa famille.