Le président du syndicat est revenu, hier, sur les propositions faites à la commission ainsi que sur les revendications socioprofessionnelles du secteur. Le Snpssp se dit non satisfait par le nouveau régime indemnitaire et se pose la question de savoir si les praticiens spécialistes n'ont pas été pénalisés pour leur engagement. Reçu lundi dernier par la commission Bensalah en même temps que quatre autres syndicats de la santé, le Syndicat national des praticiens spécialistes de la santé publique (Snpssp) ne s'est pas contenté de parler que du département d'Ould-Abbès. Il a, également, fait des propositions politiques. Le Dr Mohamed Yousfi, président du Snpssp, est revenu sur cette rencontre, hier, lors d'une conférence de presse tenue au siège du syndicat, à Hussein-Dey, à Alger. Il a plaidé en faveur de la mise en place d'un gouvernement d'union nationale dirigé par une personnalité indépendante faisant le consensus et non candidat à aucune élection en perspective. Ce gouvernement, selon le Dr Yousfi, sera doté de prérogatives suffisantes pour gérer les affaires courantes et aura pour mission “la révision profonde de la Constitution qui aboutira à un texte adapté aux transformations que connaît notre pays, avec limitation du nombre de mandats présidentiels ainsi que la séparation des pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire”. Il a proposé à la commission Bensalah la révision de la loi électorale, l'organisation d'élections locales, parlementaires et présidentielles anticipées sous contrôle d'observateurs ainsi que de soumettre cette révision constitutionnelle à un référendum populaire. Mais faire des propositions pour des réformes politiques est-il des prérogatives d'un syndicat ? La réponse est oui, selon le Dr Yousfi. Il a expliqué que “le vide politique” enregistré par l'absence de prise de position par certains partis politiques ainsi que des élus a poussé les syndicats à faire de la politique afin de défendre leurs libertés et également les droits des citoyens. “Avec tout ce qui s'est passé ces dernières années comme mouvement de protestation, il n'y a eu presqu'aucune prise de position de la part des élus ainsi que des partis politiques, précisément ceux de l'Alliance présidentielle. Ces derniers ont déserté leur rôle et ne portent plus les préoccupations des citoyens à un plus haut niveau”, a-t-il précisé. Concernant le secteur de la santé, le Snpssp a dressé un constat négatif sur la situation du secteur. Il a dénoncé vigoureusement la déliquescence dans laquelle se trouvent, depuis des décennies, la population et les professionnelles de la santé. Il dira à la commission que “l'accès à la gratuité des soins de qualité à l'échelle nationale est loin d'être garanti et la préservation de la santé du citoyen ne jouit pas de la place qui lui sied dans la politique du gouvernement. De même que cette question vitale pour les citoyens n'a jamais figuré parmi les priorités des élus”. Il a précisé que si l'intérêt accordé par l'Etat se traduit par l'augmentation du budget alloué, le secteur reste sous-administré. Pour le Dr Yousfi, “la révision de la loi sanitaire est sans cesse reportée et il n'existe pas de réelle politique de santé. Celle-ci se résume simplement à gérer des crises dans l'urgence”. De ce fait, le Snpssp demande l'ouverture d'un débat national sur la santé afin de définir une politique nationale et d'entamer la révision de la loi sanitaire qui préservera la santé publique. Le syndicat du Snpssp se dit non satisfait du nouveau régime indemnitaire qui ne répond pas aux préoccupations des praticiens spécialistes de la santé publique et se pose la question de savoir si les praticiens spécialistes n'ont pas été pénalisés pour leur engagement. “L'engagement pris par le ministre de la Santé n'a pas été respecté, il était question de doubler nos salaires et rattraper les injustices du régime indemnitaire”, a rappelé le Dr Yousfi. Il a précisé que les taux attribués aux praticiens spécialistes ont été revus à la baisse, comparés à ceux d'autres travailleurs de la Fonction publique. Il dira également que la prime de performance leur a été attribuée au détriment de la prime d'intéressement qui a été carrément supprimée. Au sujet de l'amendement du statut particulier des praticiens spécialistes, il indiquera que le syndicat attendra jusqu'au délai du 30 juin. Il a souligné que le décret régissant le premier concours de graduation n'a pas été encore ratifié. Au sujet de l'instauration du service civil pour les praticiens spécialistes, il a indiqué que “c'est une fausse solution à un vrai problème, nous avons fait des propositions qui n'ont jamais été prises en considération”. Le président du Snpssp a estimé qu'“il suffit de donner un bon régime indemnitaire, des salaires dignes et fournir les conditions nécessaires”. Pour sa part, les décisions prises concernant leurs revendications ne font que pousser les praticiens à quitter la Fonction publique et aller exercer sous d'autres cieux. Le conseil national du syndicat est prévu pour le 30 juin et des décisions seront prises concernant ces dernières mesures.