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Fixer l'objectif : l'Algérie première économie en Afrique en 2030 Le point de vue du think tank “Défendre l'entreprise” Sur les premiers états de la société civile
Pour la première fois, à travers le Cnes, la société civile a été conviée à discuter des grandes questions de la vie socioéconomique du pays. Initiative louable, car la participation de la société civile est indispensable si on veut faire des avancées sérieuses sur ces questions. Les membres du think tank “Défendre l'entreprise” ont eu le privilège de participer aux travaux de l'atelier consacré aux questions économiques : “Pour un nouveau régime de croissance”. Comme c'était un premier exercice qui réunissait autant de sensibilités et d'intérêts pas toujours convergents, les interventions de certains participants de cet atelier ont parfois donné lieu à des déclarations pro domo. Mais en dépit de ces postures parfaitement compréhensibles et légitimes, des messages forts qui reflètent le sentiment général ont émergé des débats. Ces messages sont au nombre de trois : refonte du rôle de l'Etat dans le champ économique, établissement d'un climat de confiance entre l'entreprise et l'administration, libération de l'entreprise pour en faire le moteur du développement économique. Pourquoi faut-il revoir le rôle de l'Etat dans le champ économique ? Dans le domaine économique, l'Etat devra reconsidérer ses missions avec un principe cardinal : le respect et la protection de la liberté d'entreprise. C'est, du reste, un principe consacré par la Constitution. La liberté d'entreprise suppose que l'Etat revoie en profondeur son rapport à la sphère microéconomique en étant un “Etat garant” et non pas un “Etat gérant”. En revanche, il doit s'impliquer davantage dans les fonctions de planification et de régulation. L'Algérie a les atouts pour devenir une puissance économique régionale. Pour atteindre cet objectif, le pays a besoin d'une vision. Une vision suffisamment ambitieuse pour être motivante, mais en même temps crédible pour pouvoir être mise en œuvre. Par exemple, nous pourrions nous fixer l'objectif de devenir la première économie africaine à l'horizon 2030. En concertation avec la société civile, l'Etat définit cette intention stratégique et la décline en politiques sectorielles. Pour que cette stratégie réussisse, l'Etat doit se doter d'une “structure cerveau” capable de concevoir cette stratégie et d'en suivre l'exécution. Une structure de rang élevé, suffisamment outillée pour faire de la veille économique, de la prospective et de la planification indicative. Il est donc indispensable de revoir la distribution des responsabilités dans les structures gouvernementales. À côté de cette “structure cerveau”, on doit organiser une concertation permanente entre l'administration et les partenaires sociaux. Cette concertation devra être obligatoire sur toutes les décisions qui intéressent l'entreprise : politiques sectorielles, réglementations, accords internationaux… Pour être efficace, cette concertation devra être institutionnalisée en définissant clairement les interfaces et les mécanismes de dialogue à mettre en œuvre. La confiance doit remplacer la méfiance dans les relations Etat/entreprises Les grandes réussites économiques dans le monde ont été le fait de pays qui ont parié sur leurs entreprises. C'est-à-dire, en leur faisant confiance et en mettant en œuvre des politiques pour leur permettre d'être plus compétitives. Cela est vrai aussi bien dans les pays développés que dans les pays émergents avec des régimes politiques diversifiés (Corée du sud, Chine, Inde, Brésil, Turquie…). En Algérie, l'entreprise a toujours été regardée avec méfiance par l'administration. Cette méfiance fait que l'administration connaisse mal l'entreprise algérienne, l'écoute peut et décide pour elle sans la consulter. En outre, la méfiance amène les administrations à fuir leurs responsabilités et, par conséquent, à multiplier les obstacles bureaucratiques. Et c'est cette situation qui favorise les opportunités de corruption. Bien entendu, il ne sera pas aisé de transformer rapidement la méfiance en confiance. Car cette culture de la méfiance est solidement ancrée dans l'administration. Il faut donc que les pouvoirs publics, au plus haut niveau, délivrent des messages forts dans cette direction. À cet égard, la recommandation des participants de l'atelier de créer un poste de médiateur ou d'ombudsman, chargé du traitement des doléances des entreprises vis-à-vis de l'administration serait une excellente initiative si les pouvoirs publics la mettaient en œuvre sans délais. Libérer l'entreprise c'est d'abord libérer l'investissement Avec moins de 12 entreprises pour 1 000 habitants, l'Algérie est très loin des scores observés dans le monde. Il faut donc créer beaucoup plus d'entreprises. Or, la création d'entreprises et le lancement de nouveaux investissements rencontrent chez nous des obstacles si élevés que les promoteurs sont parfois amenés à renoncer à leurs initiatives entrepreneuriales. Cette situation devra être totalement renversée en mettant en place un cadre fortement incitateur pour les promoteurs de projets ou d'entreprises viables. Ce cadre incitateur passe d'abord par la levée de tout accord ou agrément préalable pour les projets qui ne demandent pas d'avantages particuliers (régime de la convention). Il passe aussi par des facilités les plus larges possibles à donner à l'entreprise dans le domaine du foncier et des infrastructures d'accompagnement. La fiscalité devra aussi être utilisée comme un levier pour encourager les entreprises ayant des impacts forts sur l'économie nationale (création d'emplois, exportation, développement de zones défavorisées, énergies renouvelables…). Ce sont là des dispositions courantes dans les pays qui ont réussi économiquement. Un benchmark des dispositifs d'aides utilisés dans différents pays pourra donner rapidement aux pouvoirs publics algériens des pistes pour mettre en place un cadre incitateur, capable de résoudre les difficultés de l'environnement des entreprises. Au-delà des ces trois messages forts que le think tank a perçus à l'issue des travaux de l'atelier, un autre sentiment a fortement marqué les travaux : la lassitude, exprimée surtout par les représentants des entreprises, d'avoir à réitérer leurs revendications avec si peu d'écoute de la part des pouvoirs publics. Il faut dire, en effet, que les revendications qui sont résumées dans ces messages forts ne sont pas nouvelles et ont été portées à la connaissance des pouvoirs publics à de nombreuses occasions. En outre, les décisions gouvernementales prises ces dernières années dans le domaine économique sont souvent à l'opposé même de ces revendications. Les dispositions de la loi de finances complémentaire de 2009 et les textes qui l'ont suivie, loin de libérer l'entreprise, se sont traduites par des contraintes supplémentaires qui freinent son développement. Dans ce contexte, les entreprises sont dubitatives sur les suites que les pouvoirs publics pourraient donner (ou ne donneraient pas) aux résultats de ces assises. Ce serait dommage que l'opportunité donnée par ces états généraux de la société civile ne serve qu'à creuser davantage le hiatus qui existe entre l'entreprise et les pouvoirs publics. Au contraire, il est fortement souhaitable que ces assises soient le prélude à un dialogue mature et serein pour que les pouvoirs publics et les entreprises travaillent de concert pour faire face aux défis de l'Algérie de demain. Les pouvoirs publics sont ainsi interpellés pour dire qu'ils ont reçu le message. Qu'ils le fassent par des décisions concrètes. Par exemple, en fixant un calendrier précis pour apporter des réponses aux revendications exprimées lors de ces travaux. Lorsque le sentiment de confiance retrouvée sera perceptible, le génie algérien pourra une nouvelle fois démontrer ses capacités à relever les défis. Suivez les activités du think tank “Défendre l'Entreprise” en visitant son blog : http://defendrelentreprise.typepad.com