Visé par des sanctions de l'Union européenne comme 12 autres personnalités syriennes, l'homme d'affaires, cousin germain du président syrien Bachar Al-Assad, a annoncé jeudi 16 juin 2011 qu'il quittait les affaires et se lançait dans des projets caritatifs. Un coup de théâtre dans un contexte où la répression syrienne est de plus en plus sanglante. Et où le pouvoir en place semble ne rien vouloir lâcher. Rami Makhlouf, que Damas présenter implicitement comme le symbole de la corruption, est homme d'affaires dans le domaine du BTP, des télécommunications (c'est lui qui coupaient Internet et contrôlait les messages envoyés par les abonnés), des hydrocarbures, des médias ou encore du transport aérien et dont on dit qu'il contrôle à 60% l'économie du pays. C'est le fils de Mohammed Makhlouf, le frère de l'épouse du père de Bachar Al-Assad, Hafez Al-Assad. Son frère Hafez Makhlouf est à la tête de la direction générale de la sécurité de Damas, son cousin Atef Najib est un ancien directeur de la Sécurité politique à Deraa. Tous deux jouent un rôle important dans la répression des manifestations syriennes. Particulièrement détesté par l'opposition syrienne, l'entrepreneur a déclaré reverser les profits de ses affaires à des œuvres humanitaires et de charité ainsi qu'à des projets de développement ! Sacrifié par Bachar, Rami Makhlouf déclarait pourtant en mai dernier dans le New York Times vouloir se battre jusqu'au bout. Le Trésor américain a depuis un certain temps interdit à ses ressortissants de traiter avec l'homme d'affaires syrien, accusé d'asseoir son pouvoir économique sur le pouvoir du clan Al-Assad. Reste que l'opposition syrienne, les jeunes animateurs et acteurs du printemps de Damas ne croient pas à ce brusque intérêt pour les œuvres caritatives. Elle y voit le début de la fin du clan Al-Assad. Ce sont des jeunes qui manifestent et organisent des rassemblements quasi-quotidiennement. Le 20 juin, dans son discours devant l'université de Damas, le président syrien les a une fois de plus traités de “comploteurs”. Contrairement à l'opposition traditionnelle qui depuis trente ans est très encadrée par le régime syrien, cette nouvelle opposition prend les devants, elle prépare l'après-Bachar Al-Assad en proposant un programme politique à appliquer après sa chute. Le document, intitulé “Vision des comités locaux de coordination pour l'avenir politique de la Syrie”, prône l'instauration d'une période transitoire avant l'organisation d'élections et l'établissement à terme d'un régime parlementaire.