La répartition injuste des appartements entretient la crise du logement. La cinquième édition du Salon international du logement et de l'immobilier s'est déroulée du 21 au 25 juin, sous le thème : “Logement et développement durable”. Cet événement est intervenu juste après les assises nationales de l'urbanisme, tenues au Palais des nations, autour de nombreuses thématiques telles que la cohérence urbaine et la qualité du cadre bâti, l'aménagement rural intégré et l'adaptation de la réglementation… Selon de nombreux observateurs et participants à ces assises, seuls des recommandations à caractère général ainsi que le constat de “l'incurie” qui règne dans ce secteur et l'impuissance de l'Etat et des collectivités locales à appliquer les lois en matière urbanistique, ont constitué les résultats saillants de ces rencontres. “Les gens construisent n'importe comment et n'importe où ! Et après, ils disent que l'Etat est absent”, avait déclaré le ministre de l'Habitat en marge des travaux de ces mêmes assises. À l'évidence, la question du logement et l'amélioration du cadre bâti se déclinent aujourd'hui comme problématiques, à la fois cruciales et complexes, qui sont au cœur des revendications sociales. C'est donc dans un contexte très sensible que cette cinquième édition de Logimmo 2011 a eu lieu, presque dans l'indifférence de beaucoup d'opérateurs du secteur et du grand public. Pourtant, selon les organisateurs de cette manifestation ce 5e Logimmo a été dédié “aux professionnels du marché de l'immobilier, tels que les promoteurs, les entreprises de réalisation, les acteurs des secteurs financiers et bancaires et les assurances. De même qu'au grand public et notamment ceux désirant acquérir un logement”. Dans la dynamique ambitieuse de réalisation de logements à l'horizon 2014, selon le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme, “le programme global de réalisation de logements 2010-2014 est de 2 400 000 unités et coûtera à l'Etat 50 milliards de dollars” — loin de compenser les besoins —, l'on ne peut que s'interroger sur cette désaffection ? Cela est probablement dû à un faisceau de facteurs croisés, dont principalement le scepticisme du citoyen à pouvoir accéder à un logement, compte tenu de l'injustice avérée dans les critères de répartition des habitations. Cette injustice a été reconnue par le même ministre : “Le système d'attribution des logements sera amélioré et les conditions d'octroi révisées. Il faut qu'il y ait un esprit de responsabilité dans la distribution des logements.” Au demeurant, il ne se passe pas un jour sans que des émeutes, parfois violentes, éclatent à chaque affichage par les communes de la liste des bénéficiaires des nouveaux logements. Parmi les autres facteurs, il y a lieu de noter les pesanteurs bureaucratiques, la survivance de réticences des banques publiques à jouer pleinement le jeu en termes de financement, notamment des projets de promotions immobilières privées, l'accès aux assiettes de terrains viabilisés. Les difficultés que rencontrent les potentiels acquéreurs individuels à obtenir des crédits bancaires soumis à des cautions de garantie… les résultats de cette rencontre, qui a été placée sous le signe du développement durable, pourraient néanmoins servir de point d'appui au prolongement de la réflexion autour des conditions de reformulation des stratégies urbanistiques en rupture avec l'anarchie qui caractérise actuellement l'environnement et la structuration architecturale des grands centres urbains. Adossée à la nouvelle réglementation qui régit désormais l'urbanisme, une telle démarche, complétée par des critères transparents dans la juste distribution des logements, répondra, en grande partie, aux attentes des citoyens qui aspirent à accéder à une habitation ainsi qu'à l'amélioration de leur cadre de vie.