Que feront les syndicalistes puisque l'amendement n'est pas retiré ? “On restera mobilisé tant que cet amendement est là. Avec la loi de finances 2012 qui sera débattue en septembre, le gouvernement a une belle occasion pour rectifier le tir”, répondent-ils. Près de 2 000 délégués syndicaux des travailleurs du textile de 23 wilayas du pays ont observé hier à la Maison du peuple à Alger, siège de l'UGTA, un rassemblement de plus de 2 heures pour exiger l'annulation de l'amendement à la loi de finances complémentaire 2011 adopté par la majorité des députés à l'APN portant réintroduction de l'importation de vêtements utilisés (friperie). Par “les élus du peuple” aux “barons de l'importation'' “à bas la friperie”, “APN dégage”, “Non au bradage du secteur du textile”, sont là quelques slogans frappant les banderoles exhibés par les représentants des travailleurs d'une cinquantaine d'entreprises du textile pour dénoncer cette collusion entre certains “élus du peuple” et “les barons de l'importation”. “Nous avons appelé à un sit-in pour ne pas gêner le bon fonctionnement des entreprises. Cet amendement adopté par l'APN est une décision hasardeuse économiquement car elle est de nature à installer le pays dans l'improductivité. Il est en contradiction totale avec la décision prise par le gouvernement en mars dernier visant à relancer le secteur du textile. C'est frustrant”, dénonce Amar Takdjout, secrétaire général de la Fédération des travailleurs du textile et cuir. “Il y a quelque chose d'anormal. L'Exécutif n'a-t-il plus la maîtrise de ses troupes ? Y a-t-il concertation ? Nous nous posons beaucoup de questions. Nous avons donc décidé d'exprimer collectivement notre désaccord. Il n'est pas question de se laisser faire car si on laisse cet amendement passer, il se peut que, demain, le projet de relance du secteur soit remis en cause”, ajoute-t-il. Que feront les syndicalistes puisque l'amendement n'est pas retiré ? “On va militer et on restera mobilisé tant que cet amendement est là. Avec la loi de finances 2012 qui sera débattue en septembre, le gouvernement a une belle occasion pour rectifier le tir. Les députés, eux, doivent aussi assumer leurs responsabilités. Et si l'amendement n'est pas retiré, on saura comment réagir et avec force mais dans le cadre légal. On appellera à la mobilisation tout le monde y compris les autres secteurs affiliés à l'UGTA”, répond M. Takdjout. Le patron de la Centrale syndicale, ayant assisté à la réunion qui a regroupé les délégués syndicaux des travailleurs du textile, a promis, confie un syndicaliste, que ce dossier sera abordé lors de la prochaine tripartite. Pour relancer le secteur du textile qui emploie quelque 20 000 travailleurs, les pouvoirs publics ont débloqué une enveloppe de 2 milliards de dollars. Les entreprises travaillant dans ce secteur seront regroupées dans deux grandes sociétés. La première est le fruit d'un partenariat entre sept entreprises et l'Entreprise d'habillement du Centre (EHC), une epic qui travaille avec l'armée. Elle verra le jour à l'automne prochain. La deuxième société comprendra 17 autres entreprises qui, pour le moment, n'ont pas trouvé de partenaires. Le marché de la friperie représente, explique un syndicaliste, 60 à 70 millions de mètres linéaires, soit 60 à 70 milliards de dinars. Il assurerait du travail à quelque 12 000 personnes même si les syndicalistes de l'UGTA ne donnent pas beaucoup de crédit à ce chiffre. Les importateurs ont même créé une association. “C'est un lobby assez puissant et il n'est pas exclu qu'ils aient promis aux députés de l'argent pour les prochaines joutes électorales”, explique un syndicaliste.