Le Cnapest a décidé, hier, à l'issue du conseil national, de reconduire la grève à raison de 7 jours par semaine renouvelables. Interpellations, mises en demeure, suspensions, et ponctions sur salaires n'ont en rien altéré de la détermination des enseignants grévistes. Bien au contraire, ces derniers sont plus que jamais décidés d'aller jusqu'au bout. Le Conseil national autonome des professeurs de l'enseignement secondaire et technique (Cnapest) a, d'ailleurs, décidé, à l'issue du conseil national, tenu hier, au siège du CNES, de reconduire le mouvement et de monter au créneau en annonçant, cette fois-ci, une grève de sept jours par semaine renouvelable si aucun résultat n'est obtenu et ce, à partir d'aujourd'hui. Et au-delà des revendications salariales, le Cnapest exige la levée immédiate des suspensions prononcées à l'égard des enseignants et les attaques en justice qualifiées d'arbitraires. “À travers ces actions répressives, la tutelle vient d'utiliser sa dernière carte et ne fait que nous pousser au pourrissement”, nous a déclaré M. Nouar, 1er vice-coordinateur de cette organisation syndicale autonome “À qui pourrait profiter une telle situation de blocage ?”, s'est-il interrogé aussitôt, avant d'expliquer : “Les enseignants étaient en faveur d'une grève illimitée, car ils estiment que le mépris des pouvoirs publics, notamment à travers la dernière sortie du Chef du gouvernement, a atteint des proportions telles que la situation ne tolérait plus aucun compromis.” Visiblement, la voix de la sagesse l'a remporté, puisque le conseil national a opté pour une grève ouverte, ce qui n'exclut en rien un durcissement encore plus fort. Le secrétaire général du Conseil des lycées d'Alger (CLA), en l'occurrence M. Osmane, s'est dit, pour sa part, adhérer totalement cette démarche en dénonçant que plus de 400 enseignants, à l'échelle nationale, font l'objet de suspension. La tutelle, sans épargner les grévistes, cible particulièrement les délégués et procède à la généralisation des mises en demeure pour affaiblir le mouvement qui, vraisemblablement, se nourrit de ses intimidations, car devant l'ampleur des représailles, nul ne peut considérer, à présent, la protestation des enseignants comme étant l'œuvre d'un petit groupe de “perturbateurs”. “Ils nous dénient même le droit de réclamer pacifiquement notre dû”, ont martelé des responsables syndicauc du Cnapest comme du CLA, soutenus d'ailleurs par la quasi-totalité des syndicats du secteur. Et comme pour s'affirmer ce droit à l'activité syndicale, le Comité pour la défense des libertés syndicales s'est réuni, à son tour, jeudi dernier, pour décider de plusieurs mesures. Il s'agit, impérativement, de constituer une délégation pour se rendre auprès du ministre du Travail. “Le Cnapest et le CLA étant en conformité avec les lois internationales (convention 87 de l'OIT) et les lois algériennes (loi 90-14) n'ont nullement besoin, en tant que collectifs, d'agréments, mais d'une simple déclaration auprès du ministère pour l'obtention d'un récépissé afin de pouvoir procéder à l'enregistrement”, a expliqué un membre du comité. Et de commenter : “En insistant sur l'illégalité de l'existence du Cnapest et du CLA, nos décideurs font preuve d'une méconnaissance des lois internationales et, pis encore, de nos propres lois.” Quoi qu'il en soit, les syndicats autonomes n'ont pas l'intention de s'en tenir là et annoncent l'organisation d'un meeting important où sera conviée la société civile. La date de cette rencontre sera communiquée dans les plus brefs délais pour débattre justement des libertés syndicales. Il a été question aussi de la caisse de solidarité, mais surtout de la constitution d'un collectif pour ester en justice la tutelle à chaque fois qu'il y a preuve d'entrave à l'activité syndicale. À ce titre, le comité invite les enseignants touchés par les sanctions de se manifester, munis de documents, afin d'établir une liste exhaustive et réagir en conséquence. N. S. CNES Motion de soutien pour les Enseignants et les Cheminots À l'issue du conseil national, tenu jeudi dernier, les enseignants du supérieur, section USTHB, ont exprimé leur soutien indéfectible à leurs collègues du secondaire, affiliés aux syndicats Cnapest et CLA. “Nous dénonçons la répression et les mesures de suspension contre les enseignants du secondaire ainsi que les atteintes aux libertés syndicales de la part du Chef du gouvernement, du ministre du Travail et celui de l'Education qui semblent tous ignorer les lois sociales algériennes et internationales qui ne prévoient pas d'agrément, mais seulement une procédure de déclaration et d'enregistrement”, lit-on, entre autres, dans le document adressé hier à notre rédaction. Ce même syndicat a fait état, aussi, du combat revendicatif des travailleurs du préscolaire de la wilaya d'Alger en grève depuis le 8 octobre dernier et leur a signifié leur entière solidarité. Dans un autre document, les enseignants du supérieur ont exprimé leur solidarité à l'égard des cheminots qui, eux aussi, ont entamé un mouvement de grève depuis mardi dernier. N. S.