Résumé : Bien que le décès de sa mère l'ait ébranlé, Mohand ne pouvait s'empêcher de repenser à Ghenima. Il avait compris qu'elle avait pris la clé des champs sans le prévenir. Pourtant il avait tout tenté pour lui faire entendre raison. Mais apparemment, elle avait mal interprété son attitude envers elle. Mohand avait une forte fièvre et son corps tremblait. Son oncle Saïd vint l'aider à se relever et l'emmène dans une remise jouxtant la maison pour l'allonger sur une natte. Des gens arrivaient de partout et à tout moment, qu'on ne trouvait même plus où s'asseoir. - Tu es mal au point mon fils… Que s'est-il donc passé la nuit dernière ? Tu as bu et tu t'es bagarré ? C'est ça hein ? Préférant ne pas trop s'étaler sur son état, Mohand se contente de hocher la tête. - Je vais demander qu'on te prépare une boisson chaude. Tu es tout pâle et tremblant de fièvre. Saïd sortit, et Mohand ferme les yeux. L'odeur du fumier parvenait à ses narines. L'écurie était à deux pas, et il sentait même les mouvements des deux vaches et des chèvres qu'on avait fait rentrer. Le jeune homme se sentait très faible et très malheureux. Il va falloir faire quelque chose. Du moins savoir où était Ghenima. Il entendit les pleurs des femmes et se rappelle que désormais, il était libre de quitter le village et de partir ailleurs. Sa mère n'était plus de ce monde et rien ni personne ne le retenait chez lui. Il pourra louer son atelier et donner en gérance leurs biens. Nedjima et ses enfants, pourront s'occuper du reste. Un lopin de terre, quelques oliviers, l'écurie et la vieille maison. Rien de difficile à gérer. Un homme de confiance pourra tout superviser. Pourquoi ne pas en parler à son oncle Saïd ? Certes, il n'était plus très jeune, mais il pourra surveiller d'un œil sûr la famille et ses biens. L'oncle Saïd revint avec une tisane fumante : - Voilà. On t'a préparé une boisson chaude. Un mélange d'herbes calmantes qui t'aideront à te reposer et à faire passer ta fièvre. Mohand se relève et se tient sur un coude pour prendre la tasse que lui tendait son oncle. - Tu t'es bien fait arranger. Mohand buvait à petites gorgées en soufflant sur le breuvage. Il répondit d'un air las au bout d'un moment : - Oncle Saïd. Quand on aura terminé avec l'enterrement de ma mère et quant tous les gens seront partis, j'aimerais discuter sérieusement avec toi. Saïd lui jette un regard interrogateur : - De quoi donc ? Y a-t-il le feu quelque part ? Mohand hoche la tête : - Un incendie menace de s'étendre à tout le village, si nous ne prenons pas les choses à temps. - De quoi veux-tu donc parler mon fils ? Il lui touche le front et constate qu'il était brûlant : - Tu délires Mohand. Repose-toi donc et tâche de dormir un peu. D'ici ce soir, ton père et ton frère Amar seront là. Tu te sentiras moins seul et tout rentrera dans l'ordre dans quelques jours. Je sais que tu tenais beaucoup à Na Aldjia, que Dieu ait son âme, mais dans l'état où elle était, la mort est pour elle une véritable délivrance. Et puis, n'est-on pas tous destinés à partir un jour ? Mohand avait terminé de boire sa tisane et tendit la tasse à son oncle : - Je vais essayer de dormir un peu. Tu viendras me réveiller dès que les “émigrés” seront là. - Promis… Tâche donc de te reposer. Pour le reste tu peux compter sur moi. L'homme ressortit de la remise et referme la porte derrière lui. Mohand se retrouve dans l'obscurité et son esprit reprend son vagabondage. Il dû s'assoupir, car au bout d'un moment, il revit Ghenima qui lui souriait. Il la voyait s'avancer vers lui d'un pas mesuré un bouquet de marguerites à la main. Il tendit la main et touche un visage. Une main serra la sienne. Il ouvrit les yeux et remarque qu'il y avait quelqu'un auprès de lui. Il se relève promptement, mais la main le retint fermement, et le force à se rallonger : - Reste donc tranquille. Tu es brûlant de fièvre. Cette voix ! Il l'avait déjà entendue Les bourdonnements de ses oreilles l'empêchaient d'en distinguer le son… (À suivre) Y. H.