Les navires de la flottille qui entend briser le blocus de Gaza sont toujours immobilisés en Grèce qui a inversé sa politique méditerranéenne en soutenant à fond Israël. Le commandant d'un navire américain appartenant à la “Flottille de la liberté” pour Gaza immobilisée par les autorités dans les ports grecs a été libéré mardi tandis que des militants pro-palestiniens restent en détention provisoire. Le convoi d'une quinzaine de bateaux transporte 350 militants et des dizaines de milliers de dollars de médicaments, de vivres et de matériaux de construction à destination des Palestiniens de l'enclave sous embargo depuis trois années, lorsque les premières élections libres ont donné la majorité à Hamas, le mouvement islamiste qui refusant la paix version Camp David, poursuit le combat libérateur, certes, selon des méthodes discutables mais sans autre alternative que celles-là face à une puissante armée bénéficiant de surcroît de la complicité de la communauté internationale des Etats-Unis particulièrement. La décision de la Grèce d'empêcher l'appareillage de la flottille d'aide pour Gaza est, en fait, le dernier signe visible du rapprochement entre la péninsule hellénique et Israël amorcé durant l'été 2010. Dans un communiqué publié par le ministère des AE grec, dimanche 3 juillet, Athènes a justifié l'interception du bateau américain Audacity of Hope par ses garde-côtes en se disant “principalement préoccupée par la protection de la vie humaine” ! Athènes s'est proposé d'acheminer lui-même l'aide destinée à la population palestinienne, avec des navires grecs. Une proposition avancée par les Israéliens. Le Premier ministre Papandréou a par ailleurs eu un entretien téléphonique avec le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas qui lui aurait exprimé son soutien à la proposition de transporter le chargement de la flottille à ses destinataires “en coopération avec l'ONU et les autorités compétentes”. Le ministre des AE israélien, l'ultra sioniste Avigdor Lieberman, a, quant à lui, remis les choses dans l'ordre, estimant que le blocage de la flottille était “le fruit de l'action diplomatique” de son pays auprès des Grecs. En clair, la Grèce contribue activement au blocus israélien. La Grèce, qui a attendu 1991 pour reconnaître officiellement l'Etat d'Israël et qui a longtemps été pro-arabe, a radicalement changé sa politique étrangère vis-à-vis de l'Etat hébreu au début des années 2000. Il est à remarquer que ce rééquilibrage a coïncidé avec le refroidissement des relations turco-israéliennes. Et la Turquie, rival traditionnel de la Grèce, était l'allié stratégique d'Israël dans la région jusqu'à la mort de neuf de ses ressortissants le 31 mai 2010, lors du raid israélien contre la flottille d'aide humanitaire qui se dirigeait vers Gaza. La Grèce a pris la place de la Turquie, c'est désormais le pion tactique et stratégique d'Israël dans le bassin est de la mer Méditerranée. Le pays occupe une position centrale, il est au cœur de la mer Méditerranée. Les membres de la flottille ont fustigé le Premier ministre grec, Georges Papandréou, l'accusant d'avoir “vendu l'âme de la Grèce”.