L'UMP de Jean-François Copé prépare la présidentielle de 2012 pour faire réélire Nicolas Sarkozy avec la conviction que le scrutin sera gagné par les voix qu'elle pourra récolter sur son flanc droit. M. Copé, lui-même, n'a pas caché ses inquiétudes quant à un “22 avril à l'envers”. C'est-à-dire un second tour où la candidate de l'extrême droite, Marine Le Pen, devra affronter celui de la gauche. L'inverse du 22 avril 2002 qui avait vu le socialiste Lionel Jospin éliminé par Jean-Marie Le Pen. Les inquiétudes de M. Copé font que l'immigration va devenir un thème majeur de la campagne électorale. C'est un “sujet crucial qui passionne nos concitoyens”, a estimé le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, qui a fait de la convention de l'UMP, tenue jeudi dans les sous-sols de l'Assemblée nationale, une tribune pour son programme où la lutte contre l'immigration clandestine est un objectif dépassé. Aujourd'hui, il s'agit d'aller plus loin encore par une réduction de l'immigration légale. Qu'elle soit familiale, professionnelle ou étudiante. Devant un parterre de militants où certains ne cachaient pas leur excitation, M. Guéant a estimé qu'il serait “irresponsable” de sa part “de ne pas agir pour réduire l'immigration légale dans un pays où l'opinion publique s'alarme des résultats de la politique d'intégration” car “les capacités d'accueil de la France ne sont pas sans limite”. M. Guéant, devenu cible privilégiée de l'opposition, évoque des “signes inquiétants” perçus, selon lui, par tous les gens de bonne volonté qui parlent d'un “échec de notre politique éducative envers les jeunes enfants issus de l'immigration”, de la situation économique et de la dégradation des conditions de logement dans ces mêmes quartiers. Conclusion : “Dans l'état actuel de notre situation, la première politique d'immigration est une politique de réduction des flux migratoires pour que nous puissions bien accueillir ceux qui sont reçus légalement chez nous et bien favoriser leur insertion dans notre société dans le respect de nos règles de la vie”. Dans les rangs des militants, ont fusé des propos choquants. “Qu'on le pende”, a lancé un homme contre le président du Haut-Conseil de l'intégration qui s'est montré réservé sur les statistiques ethniques. “On ferme les frontières et c'est tout”, hurle un autre à l'évocation de l'espace de libre circulation européen Schengen. Si la question de la double nationalité a mis le feu dans le débat politique ces dernières semaines, l'UMP et le ministre de l'Intérieur n'ont pas suivi les dirigeants les plus durs qui veulent sa suppression. Pour l'instant, il n'est donc pas question de modifier la législation. Mais la France sera plus exigeante quant à l'octroi de sa nationalité aux étrangers. Elle devra être “l'aboutissement d'une assimilation réussie et non d'une intégration espérée”, a plaidé M. Guéant. Désormais, on demandera un niveau de maîtrise de la langue française au moins égal à celui de la sortie des collèges. Et un respect strict des valeurs de la République en tête desquelles la laïcité et l'égalité entre les hommes et les femmes. Pour nourrir le débat, l'UMP a présenté un document intitulé “Les défis de l'immigration” et comprenant 23 propositions. Il s'agit de porter plus en amont la lutte contre l'immigration illégale. Dans ce cadre, elle veut l'introduction d'une “caution retour” qui sera exigée de tout demandeur de visa suspecté d'immigration et qui ne sera remboursée qu'à son retour. La délivrance des visas devra être conditionnée à la coopération des pays concernés pour le retour des immigrés illégaux. Cette mesure vise à inciter les autorités de ces pays à délivrer les laissez-passer consulaires sans lesquels les expulsions sont impossibles. Si, par ailleurs, les régularisations doivent rester limitées, elles ne concerneront que les personnes arrivées de manière régulière en Europe. Donc, excluant les “harragas” de tous horizons. Autre proposition choc : conditionner le regroupement familial au respect des lois de la République. Un étranger coupable d'infraction ne pourrait donc pas faire venir auprès de lui son conjoint et ses enfants mineurs s'il en a. Le bénéfice des prestations sociales sera aussi soumis au respect du Contrat d'accueil et d'intégration.