Il y avait un orage dans le ciel et un tonnerre sur scène vendredi soir à Tizi Ouzou lors du gala artistique animé par le chanteur Ali Amrane. L'estrade du stade Oukil Ramdane avait vibré sur les airs pop et folk. Accompagné par un groupe de jeunes rockers et porté le public qui a chanté en chœur, cette invitation au voyage à travers la musique était une mission réussie pour Ali Amrane qui a conquis le public avec son très beau et varié répertoire, notamment Houria, Tilufa, Travail en noir et mariage blanc ou encore Ami Slimane. Ali Amrane, étoile montante de la chanson kabyle, développe un style avec un souci de création et d'ouverture vers un art musical qui dépasse les sentiers battus. Cet artiste rencontré avant le début du spectacle dira que “la chanson actuelle vit son époque et qu'il y aura toujours de la chanson légère, de distraction”. Toutefois, il admet qu'actuellement “la chanson kabyle vit un moment de blocage, une période de stagnation en matière de création artistique suivant des valeurs esthétiques”. Et d'ajouter : “Le chaâbi avait opéré les premiers moments d'ouverture. Dans les années 1970 et 80, d'autres ouvertures avec des harmonies à l'occidental ont été faites, donc c'était la découverte d'autres sonorités qui, sans doute, ont stimulé l'évolution de la chanson. Depuis, il n'y a pas eu une vraie recherche, une réelle volonté de faire épanouir et mettre en valeur cet art. Me concernant, j'ai cherché à faire un mariage entre deux univers, tout d'abord, deux musiques différentes, celle de chez nous et celle d'ailleurs, puis, entre un style folklorique et un style contemporain.” Ali Amrane est ce trait d'union entre une génération passée et une autre montante. Il a peut être même cette lourde responsabilité d'être cet autre trait d'union entre la chanson présente et une autre à venir. La chanson est pour cet artiste une aventure ; il s'inscrit dans la lignée des artistes qui cultivent l'art pour l'art, assumant par la même une mission d'accompagnement. L'art au service de la société. La création est une question plus qu'esthétique chez Ali Amrane. Il est à signaler que ce gala a été organisé dans le cadre du festival arabo-africain qui se déroule depuis mardi passé à Tizi Ouzou et dont les activités devaient prendre fin, hier soir, avec un gala artistique, animée par la chanteuse, Amel Wahbi.