De larges routes, des gratte-ciels à perte de vue, des jardins à chaque coin. C'est le visage qu'offre Shanghai à ses visiteurs. Une ville “vide”, bien que peuplée de plus de 18 millions d'habitants. Ici, les grands espaces rendent la foule peu visible. Il est 15 heures en ce dimanche du 12 juin ; les rues du Pudong, un des quartiers les plus huppés du nouveau Shanghai, sont désertes. Le quartier ressemble à une cité fantôme. Le Pudong, situé à l'est du fleuve Huangpu, est devenu un centre important pour la société multiculturelle établie à Shanghai. Les plus grandes marques et enseignes mondiales sont implantées dans le quartier. À Shanghai tout est en…XXL. Les immeubles de grande hauteur se comptent par centaines, les routes et les trottoirs sont larges, la plupart longés de jardins. Résultat : la circulation est toujours fluide même durant les heures de pointe. Pourtant, pas un seul policier n'est mobilisé pour réguler le trafic routier. Tout est régi par les feux tricolores. Il est vrai qu'un dispositif dense de caméras de surveillance veille sur la sécurité de Shanghai. C'est, sans aucun doute, l'une des métropoles les plus dynamiques d'Asie et du monde. Ici, tout change très rapidement. C'est après une véritable course contre la montre que cette ville, anciennement un village de pêcheurs, a été transformée en métropole internationale au même titre que Paris, Londres, New York ou Tokyo. À l'origine, la ville était un petit village de pêche. À ce jour, elle continue sa mutation. Dès la sortie de l'aéroport, le visiteur est frappé par le nombre de chantiers qui s'offrent à sa vue. Les vieilles bâtisses sont démolies. Elles seront remplacées par de nouveaux édifices, modernes et plus grands. Les constructions se poursuivent au cœur même du Pudong. Là, les chantiers ne causent pas de désagrément aux piétons, ni aux automobilistes. À l'organisation parfaite des chantiers, et à la largeur des trottoirs jamais encombrés, s'ajoute le fait qu'à Shanghai, on construit en sachant que rien n'est définitif. Après 1989, Deng Xiaoping décida de relancer les réformes et, surtout, d'en faire bénéficier Shanghai, demeurée jusque-là en dehors des expériences tentées dans le Sud (zones économiques spéciales créées à la périphérie de Hong Kong). En 1990, l'ancien maire de Shanghai, Jiang Zemin, lance un plan de développement du quartier, alors très peu urbanisé, de Pudong, afin de désengorger “Puxi”, le centre historique de la ville, à l'ouest du fleuve Huangpu. En 1992, Deng confirme cette décision et fournit à la ville les moyens financiers et réglementaires de cette transformation (création d'une zone franche, cession des terrains à des sociétés immobilières…). Le Pudong s'étend sur 520 km2, au Nord jusqu'au Yang Tse et à l'est jusqu'à la mer de Chine. En moins de dix ans, la municipalité a bel et bien créé une ville nouvelle et les infrastructures adéquates : deux tunnels, trois ponts et une centaine de kilomètres d'autoroutes urbaines qui relient Puxi au quartier de la finance, abritant notamment la Bourse de Shanghai, au nouvel aéroport international, à la zone de développement technologique de Zhenjiang, à la zone industrielle pétrochimique de Caohejing, au nouveau port de Waigaoqiao (sur le Yang Tse) et au port en eau profonde de Yangshan. Symbole du renouveau shanghaien, le Pudong a été choisi pour y élever la tour Jinmao, l'une des plus hautes d'Asie, la tour de TV, le deuxième opéra de la ville, le Musée des sciences, le Parc du siècle, poumon vert de la ville. Pour autant, le béton n'est pas si visible. Et pour cause, la verdure est omniprésente. C'est même l'une des premières choses qui attire l'attention du visiteur qui arrive à Shanghai : même les gros piliers supportant les ponts de l'autoroute sont cachés par des plantes grimpantes. Shanghai se veut une vitrine de la Chine. L'architecture nouvelle des bâtiments en est une preuve visible. C'est ainsi qu'elle a été choisie pour abriter l'Exposition universelle de 2010. L'aéroport de Shanghai est en lui-même une des grandes architectures de la ville : il s'étend sur plus de 32 kilomètres carrés. Shanghai est devenue une ville cosmopolite, centre économique et financier. La tour de télévision de Shanghai, considérée comme figure et symbole de la ville, est unique par son architecture auréolée par des perles de multiples couleurs. C'est une des plus hautes tours illuminées d'Asie. Pour l'heure, la palme de la hauteur revient à la tour Jinmao, la plus haute de Chine, dont l'architecture, en métal et en verre, lui confère un design moderne. Les Shanghaiens, pour autant qu'ils vivent dans une mégapole moderne, sont des personnes “zen”, comme on dit, mais surtout attachés à leur culture, à leurs traditions et à la philosophie samouraï. Cela ne les empêche pas d'être à la “page” en code vestimentaire. Les Shanghaiens sont très branchés et font attention à leur image. Le short est la tenue préférée des filles. Il est porté pour aller au bureau ou en fin de journée. Même si dès 6h du matin, les gens sont dehors pour faire leur tai chi, cet art martial cher aux Asiatiques, leur jogging ou juste un peu de marche, la journée ne débute qu'à 9h30. C'est à cette heure que les fonctionnaires rejoignent leur poste de travail mais ils ne le quittent qu'à 18 heures. Etonnant mariage entre Orient et Occident Shanghai est une ville de contrastes, ballotée entre le passé et le présent, entre tradition et modernité. Il faut savoir que Shanghai est construite sur la rivière Huangpu et se constitue de deux rives distinctes : Puxi et Pudong qui signifient respectivement à l'Ouest et à l'Est (par rapport à la rivière). C'est là que la ville fut établie à l'origine. Les bâtiments, à l'allure européenne, qui content l'histoire de la cité, caractérisent le vieux Shanghai. Car dès le 19e siècle, à l'époque des concessions internationales, Shanghai fut colonisée par les Allemands, les Anglais, les Russes et les Français, ce qui donne un cachet architectural spécifique à la ville. Des constructions un peu baroques, un peu gothiques, mais toujours avec une touche asiatique sur la toiture des maisons. Ce qui donne un cachet unique à la cité. La vieille ville n'a pas échappé à la mutation, maintenant que les gratte-ciels font partie du décor et se fondent dans la masse. Résultat : un mariage étonnant mais réussi entre Orient et Occident, entre passé et présent. Les rues du vieux Shanghai sont aussi larges que celles du Pudong et la circulation aussi fluide, mais la ville est plus vivante et plus animée. L'ancien Shanghai est bâti tel un labyrinthe. Si la façade de la ville est ornée de boutiques de luxe, de magasins de souvenirs, de jardins, de placettes et de parcs, l'arrière-cité offre un autre visage. Les ruelles étroites coupent les allées et donnent l'impression d'être des impasses mais, en réalité, ce sont des “portes” qui ouvrent sur un autre quartier, où les cafés et terrasses à l'européenne se suivent et ne se ressemblent pas. Le vieux Shanghai compte de multiples monuments historiques et autres lieux prisés par les touristes, tels que le temple du bouddha Jade, le Musée de la soie où on trouve des articles en vraie soie à des prix accessibles. La nuit, les lumières de la ville ne sont pas intenses, l'éclairage public est tamisé, ce qui donne une atmosphère romantique et chaleureuse à la ville, qui est relativement sombre, mais chaque immeuble est décoré par des lampes accrochées aux murs, ce qui laisse croire que la ville est artificielle, mais cela n'est pas sans donner un charme unique à la cité. Une empreinte du passé qui persiste Il est vrai que Shanghai est sans doute la ville la plus vibrante et la plus fascinante de Chine et porte bien son nom de perle de l'Orient. Néanmoins, et malgré le développement économique et le lifting architectural que connaît la cité depuis deux décennies, on retrouve toujours ce côté mythique d'une légende toujours vivante. Il n'est pas improbable de tomber en plein cœur du Pudong, tard dans la soirée, sur des vendeurs à la sauvette, proposant sur leur charrette, ou installés à même le sol, des produits de tous genres, allant des tongs, des CD musique gravés jusqu'aux jeux, objets et autres gadgets électroniques. Dans cette zone de la ville, où les architectes ont rivalisé d'ingéniosité pour édifier des gratte-ciels de hauteur vertigineuse et des constructions high-tech, il existe toujours d'anciennes maisons où on trouve des sèche-linge donnant sur la rue. L'autre paradoxe de ce Shanghai hyper développé est la présence de mendiants sur les trottoirs et rues à “guetter” des touristes, munis d'un bol en plastique pour demander l'aumône, tout en exhibant leur handicap. Toutes les personnes qui ont visité la Chine, savent que, officiellement, il n'y a pas de prostitution en Chine, mais que, officieusement, elle est pratiquée partout en Asie ou presque. La même forme de prostitution est ainsi présente au Japon, en Corée, en Thaïlande, au Cambodge…. Officiellement interdite, la prostitution fut éradiquée par Mao Tse Toung, qui vouait un profond respect aux femmes. De ce fait, les “professionnels” de ce business redoublent d'ingéniosité pour faire vivre le “filon”. Les filles ne s'affichent jamais. Le “racolage” se fait par le biais d'intermédiaires, des hommes qui accostent des touristes en leur proposant des séances de massage. L'invitation est faite quelquefois au moyen d'affiches publicitaires collées sur les vitres des voitures taxi. Versant ancien Shanghai, nous sommes au Vieux bazar, dénommé aussi Africa Market. L'immeuble est de deux étages, jouxtant les plus belles et grandes boutiques et centres commerciaux de la ville qui rivalisent de beauté. Le bazar compte de multiples espaces aménagés en magasins où les vendeurs ont organisé les lieux du mieux qu'ils pouvaient en posant des supports en bois, sans se soucier trop de la présentation. Les lieux sont une vraie caverne d'Ali Baba. On y trouve de tout. Des vêtements dernière mode aux petits bibelots et autres souvenirs, sans oublier les objets électroniques. Quel que soit l'article acheté, c'est emballé dans un sachet de plastique noir qu'il vous sera remis. Mais, chose importante, il faut toujours négocier fermement les prix et ne pas céder. La négociation est une tradition chinoise.