À l'hôpital, c'est le branle-bas de combat pour sauver des vies humaines. Médecins, chirurgiens et infirmiers ont été rappelés au renfort. Le hall est vite envahi par des dizaines de familles venues s'enquérir de l'état des blessés. Un double attentat kamikaze a ciblé, hier matin, le siège de la sûreté urbaine de Bordj Menaïel, faisant deux morts, un policier et un agent communal, et plus de quinze blessés dont sept policiers, un gendarme en civil et sept autres citoyens. Il était 5h45 lorsqu'un véhicule de marque Toyota Hilux, bourré d'explosifs et conduit par le premier kamikaze, s'introduit dans la place où se trouvent le siège de la sûreté urbaine et celui de l'APC de Bordj Menaïel. Son explosion provoque de gros dégâts aux habitations et aux magasins limitrophes. Le véhicule ne pouvait pas avancer davantage à cause des barricades obstruant l'accès à la place. Une demi-heure plus tard, c'est le deuxième kamikaze, à bord d'une moto, qui fait irruption et fonce droit sur le siège de la sûreté avant d'être stoppé dans sa course par le policier, Chaoucha Abdeliamine, 30 ans, qui use de son arme. Ce kamikaze s'attendait à trouver des policiers devant la Toyota Hilux pour se faire exploser, mais la police avait pris la précaution de dégager les lieux. Le kamikaze s'est retrouvé face au seul policier en faction à une trentaine de mètres du siège de la sûreté urbaine. Il a eu le temps d'actionner ses ceintures explosives, provoquant une très forte détonation. Cette explosion sera fatale pour le policier, mort sur le coup. Il venait juste de se marier. L'agent communal, Abdelghani Chibani, 40 ans, lui, va succomber à ses blessures dès son admission à l'hôpital de Bordj Menaïel. Sur les lieux de l'attentat, c'est l'apocalypse. La déflagration a provoqué un grand cratère dans la chaussée. La tête du deuxième kamikaze a été projetée sur le toit d'un magasin situé à la rue Ziane-Lounès, raconte Ahmed, un commerçant qui a lui-même ramassé devant la porte de son magasin un bras et une jambe ensanglantés. Des morceaux de chair humaine jonchent les ruelles et d'autres restent accrochés sur des branches d'arbre. La boîte de vitesses du véhicule Toyota a été catapultée à plus de 200 mètres pour tomber sur le toit du bureau de poste. À quelques mètres du siège de la sûreté urbaine, l'avant de la moto, noirci, témoigne de la force de l'explosion. En face, c'est la maison de la famille Hamidouche qui a subi de gros dégâts. Murs défoncés, fissurés, portes et fenêtres détruites, meubles endommagés. Et dire que la maison vient juste d'être reconstruite après son effondrement lors du séisme du 21 mai 2003. À quelques mètres, point de trace du célèbre magasin du fleuriste de Bordj Menaïel. Ce magasin, un des rares repères des Menaïlis mais aussi l'âme de cette place, a carrément disparu par le souffle de l'explosion. Non loin de là, le siège de l'APC est gravement endommagé. D'autres magasins, comme la Douche, jouxtant le siège de la police, ont aussi subi des dégâts considérables. Son propriétaire, encore abasourdi, ne sait plus quoi faire. Son voisin, qui possède un magasin de téléphonie, est lui aussi secoué. Plus de 40 magasins et quelque 50 habitations situés aux alentours ont été détruits à des degrés divers par les deux détonations. Les dégâts se chiffrent par milliards, nous a affirmé un élu de la commune. Le wali de Boumerdès, Kamel Abbas, qui s'est déplacé sur les lieux, a promis aux habitants de les aider à reconstruire leur habitation et leur commerce. À l'hôpital de Bordj Menaïel, c'est le branle-bas de combat pour sauver des vies humaines. Des médecins, des chirurgiens et des infirmiers ont été rappelés au renfort. Dans le hall, des dizaines de familles sont venues s'enquérir de l'état des blessés. On apprendra sur place le transfert de deux policiers à la clinique des Glycines d'Alger alors que le gendarme blessé sera évacué vers l'hôpital d'Aïn Naâdja. Sur l'identité des deux kamikazes, on a appris que le premier serait un certain Bendjemaâ Youssef, dit Abdallah, âgé de 22 ans et natif d'Ouled Ziane (commune de Legata), alors que le deuxième serait un jeune kamikaze qui n'a pu été encore identifié. Ces deux attentats seraient l'œuvre de katibat El-Arkam qui a perpétré, à Zemmouri en septembre 2010, le dernier attentat kamikaze commis dans la région et qui avait fait deux morts parmi les militaires. Ils interviennent au lendemain de l'autre double attentat commis à Legata qui a fait deux victimes parmi les éléments de l'ANP et plus de six autres blessés.