Le porte-parole du Parti socialiste français a demandé, hier, au président Nicolas Sarkozy de “s'exprimer” sur le sujet de la binationalité après la polémique qui a opposé, en fin de semaine, le Premier ministre à la candidate écologiste à la présidentielle, Eva Joly. François Fillon a affirmé, vendredi, qu'Eva Joly, ancienne juge anticorruption franco-norvégienne, n'avait pas “une culture très ancienne des traditions françaises”, après que la candidate écologiste eut proposé de remplacer le traditionnel défilé militaire du 14 juillet par un “défilé citoyen”. “Je demande au président de la République qu'il s'exprime”, a déclaré Benoît Hamon lors du point de presse hebdomadaire du PS. Le porte-parole du PS attend du Président qu'il dise “s'il pense lui aussi qu'il y a un problème avec la binationalité, si lui aussi pense qu'un Français n'est pas 100% (français), dès lors qu'il partage aussi la nationalité de ses parents”. Selon Benoît Hamon, le Premier ministre a “décidé de céder à un discours qui est d'une rare agressivité à l'égard de tous nos compatriotes qui ont la particularité d'avoir acquis la nationalité française par naturalisation ou d'être des binationaux”. Dès vendredi, Eva Joly, 67 ans, avait rétorqué à François Fillon : “Je ne descends pas de mon drakkar ! Ca fait cinquante ans que je vis en France et donc je suis Française.” Après les déclarations de M. Fillon, la gauche, qui a, dans son ensemble, marqué son désaccord avec la proposition d'Eva Joly, avait dénoncé un “dérapage” ou des propos aux “relents xénophobes”. Ce week-end, Martine Aubry, candidate à la primaire socialiste pour 2012, a accusé le Premier ministre de “rejoindre les thèses du Front national (extrême droite) qui distinguent les Français selon leur origine”. Hier, Benoît Hamon a accusé le gouvernement de vouloir cibler “nos compatriotes qui sont des binationaux, particulièrement d'origine maghrébine ou d'Afrique noire”. “C'est ceux-là qu'aujourd'hui la droite française vise.” La gauche a dénoncé à plusieurs reprises une instrumentalisation de la question de l'immigration à visées électoralistes par la droite au pouvoir, notamment lors d'un débat controversé sur l'identité nationale il y a plus d'un an, et concernant la situation des Roms ou des migrants tunisiens arrivés ces derniers mois.