Dans le vaste parking du complexe touristique Le Marin, la trentaine de véhicules en stationnement renseigne assez clairement sur la situation sociale de ces estivants qui choisissent ce second plus luxueux hôtel d'Azeffoun pour y passer leurs vacances. Plus de trois quarts de ces véhicules de haut de gamme sont immatriculés à l'étranger. Ce sont des immigrés ! À la réception, l'un d'entre eux observe furtivement la pancarte sur laquelle sont affichés les prix avant de se décider. “Une suite pour trois s'il vous plaît !” demande-t-il au réceptionniste avant de lui remettre une liasse de billets. La suite est affichée à 11 200 DA la nuitée, mais elle n'est pas la plus coûteuse de l'hôtel. Pour quatre personnes, il faut débourser 13 600 DA. Encore davantage pour les appartements de type F3 et F2 que compte l'hôtel. La moins onéreuse de l'hôtel est, par contre, proposée à 5 900 DA. “Ce sont les prix de haute saison !” explique le réceptionniste, soulignant que la piscine est incluse pour les clients de cet hôtel quatre étoiles. Pour les extras, la piscine semi-olympique est proposée à 600 DA pour adulte et 400 DA pour enfant. L'accès n'est autorisé qu'en famille. Elle ne désemplit pas toutefois. L'hôtel aussi. L'attentat à la bombe, qui a ciblé récemment devant cet hôtel un véhicule de la police et qui a fait 5 blessés, ne semble pas avoir trop affecté le moral des estivants ou le business de Haddad, le propriétaire de l'hôtel Le Marin et également du plus luxueux Le Marin Bis. Dans les autres hôtels de la région, tels que Le Littoral, les prix des chambres varient entre 2 000 et 12 000 DA durant cette haute saison. L'hôtel offre une appréciable qualité de service mais il demeure toujours non classé. C'est le cas également d'Azeffoun Beach et du Dauphin. Au total, l'infrastructure hôtelière à Azeffoun dispose d''une capacité d'accueil de 760 lits. Ainsi, la disponibilité des places et leur coût incitent de nombreux vacanciers, notamment en famille, à opter plutôt pour la location d'appartements et de villas. C'est aussi pour des raisons de commodité et d'espace. Une activité des plus florissantes durant l'été, mais qui est exercée, comme dans la plupart des villes du pays, de façon informelle. “Il faut réserver au début de l'été parce que souvent la demande dépasse l'offre en haute saison, ce qui fait augmenter sensiblement les prix de la location et atteignent jusqu'au double ou le triple”, explique un restaurateur qui, de par la situation et la forte fréquentation de son local, sert souvent d'intermédiaire entre les propriétaires et les locataires. “Les prix varient, ces derniers jours, entre 20 000 et 60 000 DA la semaine pour un appartement de type F2 ou F3”, ajoutera le restaurateur au candidat à la location. Dans ce créneau, pourtant juteux, tous les habitants de la ville d'Azeffoun servent occasionnellement d'intermédiaire mais sans rémunération dans la plupart des cas. Le recours des estivants au service de connaissances locales ou relations familiales pour dénicher une location à bon prix a fini par devenir une tradition dans la région. Le bouche à oreille aussi. Depuis quelques années, des agences immobilières tentent de prendre le relais et du coup donner à cette activité un aspect légal. Leurs offres envahissent peu à peu le Net. “Agence immobilière propose appartements et villas meublés et semi-meublés. Prix entre 25 000 et 70 000 DA. Possibilité de location par mois ou quinzaine”, est-il écrit dans une annonce diffusée sur Internet. “La Toile permet surtout aux immigrés et autres estivants qui viennent des autres régions du pays d'effectuer leurs réservation à distance et avant même d'être en congé”, explique le propriétaire d'une agence immobilière. Mais, à Azeffoun, tous les estivants ne sont pas forcément locataires. À chacun sa bourse mais aussi à chacun sa place. Des milliers de personnes, notamment les bourses modestes, s'y rendent mais se contentent du minimum. Parfois, juste un parasol à 250 DA ou d'une tente à 500 DA en plus de tout le plaisir que procurent les belles plages de l'antique port Gueydon. 13h. Sur la plage le Caroubier, à l'entrée de la ville d'Azeffoun, il est déjà difficile de dénicher une petite place sur le sable. L'attentat commis contre des policiers à un kilomètre de la plage semble déjà être mis aux oubliettes. De sa loge située à l'entrée de la plage, Asnoun Abdellah, le locataire de la plage, scrute tout mouvement. “C'est calme sur la plage”, dira l'homme bronzé, non sans évoquer toute une série de problèmes. “L'APC ne m'aide pas, elle n'a même pas daigné mettre des bacs à ordures sur la plage comme est stipulé dans le cahier des charges. Cela fait également une semaine qu'il n'y a pas d'eau, ce qui a rendu les douches non fonctionnelles, ce qui m'a engendré par conséquence un manque à gagner, alors que la période estivale est déjà assez courte pour amortir les 250 millions qu'a coûté la location”, se plaint-il. En professionnel du tourisme, M. Asnoun tente d'innover sur la plage. Sur l'espace non- occupé par les estivants, un mini parc d'attraction pour enfants commence à prendre forme. Il pense même à organiser des soirées animées avec un ftour au bord de la plage durant ce mois de Ramadhan. “J'aurais aimé transformer cet espace restant en un espace vert gazonné, mais c'est un travail qui ne peut être effectué en 3 mois”, dira-t-il, regrettant que les adjudications pour les concessions ne débutent qu'au mois de mai, en plus que le contrat est octroyé pour une seule saison, rendant ainsi l'activité aléatoire et poussant par conséquence le locataire à ne penser qu'à récupérer les fonds engagés sans trop se donner la peine d'investir dans la plage.