La feuille de route est considérée comme trop ambitieuse. “Le programme national de mise à niveau des entreprises n'est pas encore opérationnel. Il enregistre un an et demi de retard.” Tel est le constat établi par Zaïm Bensaci, président du Conseil national consultatif de la PME, lors de sa communication présentée lors de la troisième session du Forum d'Alger centrée sur la thématique, “la mise à niveau des entreprises : quelles leçons à tirer ?”, organisée par le cabinet Emergy. Le patron du Conseil considère que la feuille de route est trop ambitieuse : “Je suis très sceptique”, a-t-il ajouté. Ce plan doté d'une enveloppe de 387 milliards de dinars, soit environ 5 milliards de dollars, prévoit la mise à niveau de 20 000 entreprises à l'horizon 2014. “Le programme de mise à niveau tunisien sur une période de 5 à 6 ans n'a touché que 3 300 entreprises.” En effet, au regard des énormes capacités d'expertises à mobiliser pour faire réussir ce programme, l'objectif semble très difficile à atteindre. Dans une évaluation critique des programmes précédents, particulièrement de Meda I de l'Union européenne, le président du Conseil laisse entendre que les résultats de ces plans de mise à niveau s'avèrent très modestes. Le premier programme de mise à niveau, en Algérie, lancé par le ministère de l'Industrie, a touché très peu d'entreprises. Meda I de l'Union européenne a connu des années de retard dans son exécution. “Au final, il n' y a pas eu de véritable mise à niveau des entreprises. Il est question uniquement de prédiagnostics et de diagnostics (de fonction) de l'entreprise. J'ai contacté plusieurs chefs d'entreprise. Ils ont déclaré ceci : “On n'a pas été jusqu'au bout de la logique de mise à niveau (avec le programme Meda I) de l'entreprise”, regrette Zaïm Bensaci. En d'autres termes, c'était de la cosmétique. Outre le nombre limité d'entreprises touchées, le programme n'a pas permis d'introduire les correctifs susceptibles d'améliorer profondément la compétitivité des entreprises qui ont bénéficié d'une telle aide. “Ces expériences malheureuses de mise à niveau vont nous aider à formuler une approche beaucoup plus efficace”, ajoute-t-il. Il suggère que la mise à niveau doit concerner avant tout l'industrie. M. Boughedou, chef de division au ministère de l'Industrie, a présenté, lui, de façon détaillée le programme national de mise à niveau. Le Fonds national de mise à niveau est chargé d'injecter 387 milliards de dinars dans ces opérations. L'agence nationale de développement de la PME, l'ANDPME, gère le programme. Les opérations portent, notamment, sur la mise à niveau de l'outil de production, de la fonction innovation, des ressources humaines. Les secteurs éligibles sont l'industrie, les services liés à l'industrie, le BTPH, la pêche, le tourisme et les transports. Parmi les critères d'éligibilité, la taille de l'entreprise doit dépasser dix employés. L'entreprise doit être une PME en activité depuis deux ans et compter une structure financière équilibrée. Le Fonds national de mise à niveau accompagne les entreprises bénéficiaires dans les différentes phases du processus : phase de diagnostic, actions immatérielles, mise à niveau en rapport avec la productivité… Le dossier à fournir en vue de l'éligibilité au programme est déposé à l'ANDPME. Le secrétariat technique de l'ANDPME valide les dossiers et décide des aides à octroyer par l'état. Le ministre de l'Industrie et de la PME signe les notifications d'aides financières. Le délai pour réaliser l'opération de mise à niveau est fixé à deux ans. Quant au représentant du programme MEDA III financé par l'Union européenne , il, a indiqué que ce plan d'aide à la mise à niveau court jusqu'en 2013 et touche 200 entreprises. Amer Yahia, expert national, a souligné que la mise à niveau est un état d'esprit. L'entreprise devrait être en perpétuel processus de mise à niveau. Quant à Michel Delattre, spécialiste de la question, il a insisté sur le changement comportemental. Il faut avoir la volonté et l'énergie pour amorcer un procesus de changement qualitatif dans l'entreprise. Il préconise des clubs de mise à niveau regroupant les entrepreneurs concernés et des comités de liaison où les opérateurs bénéficiaires de ces opérations seraient en contact avec les représentants des collectivités locales.