Le très haut niveau international, Zakaria Djebbour, le connaît parfaitement. La formation à la française, label mondial, le même Zakaria Djebbour la maîtrise tout aussi parfaitement. Les exigences du football européen, les lacunes du sport roi algérien et la meilleure façon d'y remédier et de le tirer vers le haut, Zakaria Djebbour y travaille depuis fort longtemps. Ce n'est, d'ailleurs, pas pour rien ni pour ses beaux yeux que la si exigeante direction technique nationale rattachée à la Fédération française de football lui a confié un important poste de responsabilité qui en dit long sur son érudition. Et ce n'est nullement pas pour lui faire plaisir que la même DTN française et son maître à penser, Aimé Jacquet, l'ont chargé, tout comme son restreint work group d'analyser la Coupe du monde 2006 en Allemagne pour les besoins de la stratégie future de la FFF. On l'aura compris. Dans le monde difficilement pénétrable de la DTN française, Zakaria Djebbour, c'est du lourd. Du très lourd même. Une simple discussion football avec ce technicien algérien tourne, d'ailleurs, rapidement à la démonstration façon cours de sciences naturelles, voire même science exacte comme il aime à définir lui-même ce sport à onze. Bien qu'ayant fait toutes ses classes en Hexagone, cet Oranais nourri au mamelon du patriotisme et du nationalisme si propre à tous les Algériens de cœur ou d'adoption, présente la particularité d'avoir un gros projet pour l'Algérie du football. Un projet pharaonique qui pourrait valoir à l'Algérie de faire un bond énorme en avant et lui permettre de mettre en place un système de formation qui n'aurait rien à envier à ceux des grands de ce monde. “Effectivement, j'ai un grand projet pour la DTN. J'ai eu, d'ailleurs, à discuter avec le président de la FAF, Mohamed Raouraoua, à ce sujet et il m'a paru extrêmement intéressé. Je lui ai fait part de mes intentions, de mes aspirations et de mes objectifs à court, à moyen et à long terme. Je lui ai, également, fait part de mon grand intérêt pour le poste de directeur technique national. Mais pour que ce mégaprojet aboutisse et porte ses fruits, il faudrait qu'il soit accompagné par les pouvoirs publics à la faveur d'une réelle volonté politique dans la perspective d'une refonte du système, et de nous tourner, désormais, vers le travail basique et la formation dès le plus jeune âge selon des critères internationaux”, soulignera ce titulaire du DEPF (diplôme d'entraîneur professionnel de football) et du DEFF (diplôme d'entraîneur formateur de football) qui demeurent les plus hauts degrés de formation délivrés par l'IFF (Institut de formation du football) et la FFF. “J'ai discuté avec Raouraoua, ce projet l'intéresse.” Outre cet immense dessein à portée nationale, Zakaria Djebbour a, en parallèle, un projet similaire à vocation régionale qui intéresse fortement le MCO et qui pourrait, également, captiver l'attention de bien d'autres formations de l'élite. “Lors de ma rencontre et à l'issue d'une discussion en ce sens avec Tayeb Mehiaoui, ce dernier s'est déclaré extrêmement intéressé par ce plan de travail et cette feuille de route visant à professionnaliser le Mouloudia d'Oran qui demeure le porte-drapeau du football à l'Ouest du pays. Cela d'autant plus que cette région du pays est le réservoir national en matière de talents purs qui, faute de moyens, s'en vont, ensuite, faire le bonheur des clubs du Centre et de l'Est. À titre d'indication, le nouvel entraîneur du MCO, le Français Alain Michel, a pour mission de gagner les dix prochains matchs. Mon objectif à moi est de faire gagner au MCO les dix prochaines années. Cela au cas où les choses viendraient à évoluer dans le sens souhaité. J'ai le même objectif et la même passion pour le football national en général. Le programme que j'ai remis à Mohamed Raouraoua vise, en ce sens, à faire gagner à l'Algérie les dix prochaines années, de réduire le retard considérable en matière de formation par rapport aux grandes nations du football mondial et de se doter d'un outil de formation digne des standards internationaux”, explicitera notre interlocuteur qui, tout en donnant l'impression d'avancer dans un terrain qui ne lui est pas inconnu, n'ignore pas pour autant qu'on ne va pas lui dérouler le tapis rouge, lui qui préconise “une période d'une année transitoire dont la finalité est d'établir un audit et d'œuvrer pour changer les mentalités”. Ne craignant aucunement de prendre le risque de quitter le confort douillet de la DTN française et le mécanisme bien huilé de la FFF pour tenter “l'aventure au bled” avec toutes les difficultés d'adaptation que cela pourrait engendrer, Zakaria Djebbour se veut, en revanche, optimiste. “À la DTN, en France, Dieu merci je ne manque de rien. Mon attachement à l'Algérie, mon éducation et le fait d'avoir grandi au sein d'une famille révolutionnaire qui compte plusieurs martyrs m'ont, toutefois, incité à proposer ce qu'il y a de mieux pour mon pays. Je veux mettre mon savoir-faire, mon vécu, mes relations et ma grande expérience au service de l'Algérie. Si mon projet est retenu, tant mieux pour le football national. Dans le cas contraire, je continuerai ma mission à la FFF sans pour autant regretter quoi que ce soit. Comme cela, plus tard, je n'aurai pas de remords et j'aurai la conscience tranquille pour avoir proposé le meilleur de moi-même et voulu tout sacrifier pour l'intérêt suprême de mon pays”, dira ce formateur polyglotte et éminent spécialiste du football français, allemand, italien et espagnol, particulièrement admiratif du travail effectué à la DFB (Deutscher Fussball-Bund, Fédération allemande de football) par son DTN, Matthias Sammer, avec lequel, il entretient une relation tant professionnelle qu'amicale.