Longtemps figée, l'exégèse coranique connaît un intérêt sans précédent avec le développement de la science islamique embrassant tous les aspects liés à l'interprétation du Livre saint et des hadiths. Ce faisant, c'est la boîte de Pandore qui est ouverte, bousculant des certitudes de la part des traditionnalistes et ouvrant l'appétit aux modernistes dans des combats d'arrière-garde sans merci. Cependant, entre les tenants extrémistes des deux bords, qui veulent régler des comptes entre eux, souvent de façon stérile, se dessine le contour d'un débat sain et franc pour traiter le thème dans sa véritable dimension. Il s'agit de comprendre l'héritage du passé, de l'expérience des savants dans le domaine à travers les âges et le progrès de la science et de la recherche. Le prix en vaut la chandelle. Les écrits, et de plus en plus la vidéo, au quotidien sur les miracles coraniques, notamment en rapport avec les découvertes scientifiques dans tous les domaines ont envahi l'espace communicatif du net permettant aussi aux profanes qu'aux spécialistes de se familiariser avec ces aspects cachés du Coran. Ne parlons pas des travaux des spécialistes dans les forums et les rencontres, ainsi que les laboratoires de recherche. L'exégèse ne concerne pas que les chercheurs et savants musulmans. Elle intéresse également les autres penseurs et chercheurs, en particulier dans le domaine de l'islamologie, des langues, de la lexicologie et de la phonie. Cette nouvelle tendance est aussi derrière le renouveau pour l'Islam et sa découverte par les autres peuples, en particulier l'intelligentsia, comme en témoignent des conversions en grand nombre y compris au cœur de foyers réputés hostiles et fermés, non sur des bases de prosélytisme et de jeux pernicieux, mais de convictions personnelles suite à ces travaux de simplification et d'échanges d'idées. Les gens redécouvrent les mystères du Coran qui ne finissent pas. À tel point qu'il arrive à masquer le travail de sape des tenants du terrorisme dit islamique, très nuisible et désastreux pour l'image de marque de l'Islam et des musulmans de par le monde. Il présente une autre image, la vraie celle-là, tournée vers la science, l'ouverture, le goût de l'esthétique et la sauvegarde de la promotion de la civilisation et de l'homme. La simple lecture d'un extrait du Coran donne une sérénité et un moment de repos de l'âme en lui procurant bonheur et quiétude et en lui redonnant espoir dans la vie d'ici-bas et la réussite dans l'au-delà dans une homogénéité complète qui n'existe nulle part ailleurs. Qu'en est-il lorsque cette lecture est bien assumée et éclairée? Ainsi les bonnes lectures émanent des bonnes interprétations et compréhension. C'est la bataille actuelle et future. Comment garantir cela et éviter les fausses lectures ou les lectures stériles. C'est cette question que nos éminents penseurs modernes ont essayé de reposer dans toute sa complexité et sa dimension. Nous en citons quelques uns qui ont consacré leur vie et leurs œuvres à cette problématique. Nous avons en le réformateur Abdelhamid Ben Badis, un précurseur qui a donné l'exemple par son tafsir dit adapté et résolument ouvert. L'auteur du Phénomène coranique a sonné le glas pour sortir du vide des années de la décadence et le combler par une révolution dans les mœurs et les pratiques d'interprétation. Le penseur Malek Bennabi avait osé déclarer de manière précoce la guerre à l'archaïsme et au refus de s'ouvrir au modernisme. Le défunt Mouloud Naït Belkacem a continué le chemin rêvant d'une symbiose entre l'authenticité et le modernisme. Plus près de nous, le savant et penseur de gros calibre, le professeur Arkoun, était parti non sans avoir dit ce qu'il fallait faire. D'aucuns peuvent ne pas partager ses idées, mais il avait souligné avec la conviction qui était la sienne, la nécessité de repenser le Coran à la lumière du progrès de la science et des techniques d'analyse plus actuelles pour mieux approcher le dernier des messages. Il y va de notre culture qui reste dépendante du niveau souvent limité et fermé de ceux qui sont censés nous éclairer, de notre enseignement pédagogique très figé et de notre conception même des valeurs et des concepts hérités. La question est de savoir jusqu'où vont les limites de la recherche dans ce domaine pour mieux valoriser le texte coranique dont les secrets ne finissent jamais. Celui qui ferme les portes a tort et s'inscrit en porte-à-faux avec l'histoire. Aussi, durant ce mois de Ramadhan, mois du Coran par excellence, nous vous invitons au quotidien, in challah, à une rétrospective sur l'histoire de l'exégèse qui remonte à son initiateur premier, le Prophète (P. et S. sur lui) dans le but de faciliter la lecture et surtout la compréhension, aujourd'hui de plus en plus délaissée, au profit de la récitation simple. Quoique demandée et souhaitée, cette dernière gagne à vivre et mieux méditer le message divin et être appuyée par la compréhension et l'effort d'interprétation pour profiter de la lecture en intensité et en qualité.