Ce mois caractérisé par la piété, le recueillement collectif, la solidarité et l'humilité, trouve sa force dans l'approfondissement de la réflexion relative à la nécessaire promotion de perspectives de progrès en général et d'harmonie en particulier. J'ai commencé mes rendez-vous hebdomadaires avec mes fidèles lecteurs de Liberté, durant le mois de Ramadhan 1431 par : l'Islam Dine et Dounya. J'aimerais reprendre ce débat pour voir comment peut se dessiner la construction de l'Etat en accord avec les principes de l'Islam tel que préconisé par l'appel du 1er Novembre 1954. L'objectif défini dans cet appel est “l'instauration de l'Etat algérien démocratique et social dans le cadre des principes de l'Islam”. En réalité, l'Islam embrasse toute la personnalité humaine, aussi bien les besoins spirituels de l'homme (Din) que leurs implications temporelles (Dounya). Beaucoup de penseurs affirment que c'est cette vision globale de l'homme qui est à l'origine de la grandeur de l'Islam et c'est quand on a commencé à restreindre cette vision que l'Islam a connu ses servitudes. Je vais m'attacher à exposer ces deux versants du message islamique : le spirituel (Din) et le temporel (Dounya), en m'appuyant sur les versets du Coran pour faire la preuve. 1/Din : en Islam, le Din concerne des croyances (Aquayd ou Imane) et des pratiques cultuelles. Par conséquent, il est différent du sens que l'on donne à la religion qui, elle, se limite au rapport de l'homme avec la divinité. Les croyances (Aquayd ou Imane) en Allah, ses Anges, ses Livres, ses Prophètes et le Jour dernier : (i) Dieu est unique et transcendant “Dis : Il est Allah, Unique. Allah, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons.” Coran 112-1/2. (ii) Il n'y a pas d'appropriation du Din : il n'y a pas de peuple élu ; il n'est envoyé ni à une terre ou une religion déterminées, ni à une catégorie sociale, ni à un sexe déterminé : “Qu'on exalte la Bénédiction de Celui qui a fait descendre le Livre de Discernement sur Son serviteur, afin qu'il soit un avertisseur à l'univers”. Coran 25-1. “Et Nous ne t'avons envoyé qu'en miséricorde pour l'univers”. Coran 21-107. “Les croyants et les croyantes sont les alliés les uns des autres”. Coran 9-71. (iii) La continuité monothéiste : Mohammed (sceau des prophètes), Ibrahim (premier initiateur), Moïse (interlocuteur de Dieu), Jésus (esprit de Dieu). “Ceux qui croient à ce qui t'a été descendu (révélé) et à ce qui a été descendu avant toi et qui croient fermement à la vie future.” Coran 2-4. Ce sont ces croyances qui servent de pilier et de lien indissoluble comme l'appelait Jamal Eddine El Afghani. En effet, les querelles théologiques ou politiques, l'étendue géographique et la diversité ethnique, peuvent présenter des obstacles quant à l'unicité des objectifs et les modalités de leur appréciation. Alors, surgit ce pilier fondamental, ce lien indissoluble. C'est la libération de l'homme par lui-même, par sa foi. L'Islam n'admet de soumission qu'à Allah. Encore que le mot soumission soit malpropre, car l'équivalent dans la langue arabe de soumission est “istislam”. Or, c'est un mot qui n'existe pas dans le Coran ; celui-ci parle de “khouchou”. Cette notion de liberté vis-à-vis des autres sous-tend l'ensemble des implications temporelles. Nous les aborderons dans la prochaine contribution. À jeudi prochain pour la suite de notre analyse. Entre-temps, débattons sur les meilleurs moyens d'avancer vers un avenir de progrès et de prospérité pour tous les Algériens. À la tentation du pessimisme, opposons la nécessité de l'optimisme ! (À suivre) A. B.