Il est le dieu de la pluie et de l'orage dans la mythologie kabyle, Anzar vient d'être ressuscité par une jeune troupe, composée de 14 petites filles, de l'association Tafat, lumière, du village Tifilkout dans la commune d'Illiltène. Dans ce village, perché là-haut sur la montagne, terre natale du dramaturge Boubkeur Makhoukhe, auteur notamment de Hafila Tassir, le théâtre est une patience qu'on partage. C'est pourquoi d'ailleurs, chaque année, l'association du village organise des journées théâtrales, une activité qui regroupe les villageois à la place du village, autour d'une seule chose, l'art de la planche. Moutchou, pour ces amis ou Abdelkader Naït Ali, féru du théâtre, est l'animateur de l'atelier théâtre de l'association Tafat. Après la pièce Kyky-aw, ou le vendeur de poulets, nous revient avec Anzar, le dieu de la Pluie. Il raconte l'histoire d'une montagne envahie par Lwahch Avarkane, le monstre noir. Ce dernier colosse prendra en otage tous les êtres de la montagne, notamment les papillons, devenus esclaves de cette créature de la nuit, qui avait aussi emprisonné la lumière du jour, l'eau et la verdure. Le monstre noir érigea son royaume des ténèbres sur les hauteurs devenues noires, laissant place à l'obscurité, condamnant les habitants des villages à ne plus voir la lumière. “Je suis le monstre noir, je vis dans l'obscurité. Je déteste la verdure, la lumière et tout ce qui est beau”. Un jour les abeilles, intelligentes, sont venues le voir. “Seigneur, nous avons besoin de la lumière pour distinguer notre direction ! Exaucez notre demande et vous aurez le miel de la vie éternelle !” OK, s'écria le monstre noir, “voilà, là lumière est libre, maintenant, mon miel !mmmm”. Ventru et boÎteux, le grand monstre plongea sa grande gueule dans une mer de miel d'orée. Une fois le tout avalé, Lwahche Avarka, assoiffé par le goût sucré du miel, était obligé de libérer l'eau. Il tomba alors dans son propre piège, l'eau et la lumière étaient libres, la vie reprendra son chemin et son souffle. Les fleurs renaîtront de la cendre. Les enfants comme une seule voix appelleront encore le dieu Anzar pour leur donner de la pluie, suivant un rite traditionnel. La pièce a été récemment présentée au Festival de la montagne et du tourisme dans plusieurs fêtes locales. Un travail et un effort consentis par 14 petites filles dans l'âge ne dépasse pas les 15 ans, toutes issues du même village.