Résumé : Belkacem apprend des choses auprès de Mohand. Il comprend amplement la souffrance de son ami et son desarroi face à une situation qui dépassait tout entendement. Le jeune homme découvre aussi l'idyle qui s'était nouée entre sa sœur et Mohand. Et les intentions honnêtes et sincères de ce dernier. 88eme partie Mohand baisse les yeux : - Oui, nous nous aimons, nous nous sommes toujours aimés. Je l'ai toujours préferée à d'autres filles. Elle était si pudique, si sage, si pleine de vie. Je n'aurais pu trouver meilleur parti. - Tu ne craignais pas…. Mohand lève la tête, et sa main en même temps : - Non je ne craignais rien, notre amour est sincère, et j'aurais préféré mourir que la perdre. Je te le jure. - Je te crois, mais Mohand, tu aurais pu m'en parler, peut-être que…. - Arrête Belkacem, qu'aurais-tu pu donc faire ? Consulter ton père ? Il t'aurait envoyé sur des roses, il fallait impérativement compter tout d'abord sur la présence de mon père et de mon frère aîné. Je pensais alors les informer, et nous aurions tous ensemble étudié très sérieusement la question. Je ne sais pas ce qu'auraient pu penser tes parents, car je suis forgeron, mais je n'aurais pas lâché prise de sitôt. Belkacem se met à rire : - Tout comme Aïssa tu veux dire. - Je ne plaisante pas Belkacem. - Mais moi non plus mon cher, je sais que l'affaire n'aurait pas marché comme sur des roulettes, mais Mokrane et moi, aurions pu intercéder dans cette affaire. Nous t'estimons bien, tu es quelqu'un de brave et de généreux, et Ghenima n'aurait pas trouvé mieux comme mari, d'autant plus qu'elle t'aimait. Là au moins les jeux sont clairs. Forgeron ou pas, après tout tu es un homme simple, sincère, travailleur et un vrai paysan, comme nous tous. - Je te remercie mon frère. Mais écoute donc la suite de mon récit. - Ah oui, je ne sais pas encore où était passée ma sœur. - Eh bien, moi non plus jusqu'à ce que je la retrouve dans la remise. - Tu veux dire chez-toi ? Alors que la maison était pleine de gens et qu'on veillait ta mère ? - Oui, nous avons terminé de dîner Amar et moi. En fait nous avions fait semblant, car aucun de nous n'avait faim. Tu en connais les raisons. Mais comme mon frère rentrait de loin, et que j'étais mal au point, nous nous sommes mutuellement soutenu dans cette douloureuse épreuve. Mais le cœur n'y était pas. Amar avait fini par aller rejoindre ses enfants et sa femme, et moi je suis sorti pour prendre un bol d'air. Il faisait un froid de canard dehors, et j'étais emmitouflé dans ma couverture et tremblant de fièvre. À un moment donné, j'avais eu envie d'une cigarette…Je suis retourné alors dans la remise, et je me suis retrouvé face à face avec Ghenima. - Mais où était-elle donc passée le reste de la journée ? -Elle était dans la forêt. Elle avait affronté seule, les dangers, et les aléas de sa courte aventure. Mais après avoir failli se faire dévorer par un loup, elle avait decidé de rentrer au village et de venir me retrouver dans la grange. Elle ne savait pas encore pour ma mère. Ce n'est qu'en arrivant au village qu'elle avait appris la nouvelle. Elle s'est donc faufilée à travers les femmes, mais n'avait pu se montrer. Ses vêtements etaient en lambeaux, et elle était affamée. Je l'ai trouvé d'ailleurs en train de gratter le fond du plat de couscous. -Et qu'as-tu fais ensuite ? -Eh bien, le premier effet de surprise passé, je lui ai posé bien sûr des questions. Elle m'avait alors demandé une dernière faveur : celle de l'héberger pour quelque temps, jusqu'à ce que les choses se tassent, et mes plaies se referment. -Et après, qu'auriez-vous fait tous les deux ? (À suivre) Y. H.