Résumé : Mohand est surpris de la visite de Belkacem à une heure aussi tardive. Puis il comprit à son air exténué que ce dernier était parti à la recherche de sa sœur. Il lui offrit le gîte et le couvert, mais il n'était pas rassuré pour autant. Belkacem ne savait pas encore que Ghenima s'était réfugiée chez lui... 83eme partie Belkacem lui jette un regard et se demande s'il devrait le mettre au courant de la fugue de sa sœur. Mais il se dit que le moment était mal choisi. Mohand venait d'enterrer sa mère. Son esprit était trop préoccupé et puis pourquoi l'alarmer. Peut-être que Ghenima est finalement rentrée à la maison ? - Je suis désolé pour ta mère. Reçois mes sincères condoléances. J'étais loin du village, sinon je serais venu pour l'enterrement. Mohand hoche la tête : - Merci Belkacem. Ta mère et ta femme sont passées hier. J'ai deviné que tu étais absent du village. - Oui. Je… J'ai été voir quelqu'un... Mohand ranime le feu et reprend : - À chacun ses préoccupations. Ma mère était souffrante. La mort l'a délivrée enfin de ses maux. - Que Dieu ait son âme. Elle était une brave femme. Quand j'étais enfant, elle ne ratait jamais l'occasion de me prendre dans ses bras et de m'offrir des friandises. Je l'aimais comme ma propre mère. - Que Dieu vous garde tous le plus longtemps possible. Belkacem s'essuie la bouche et se frotte les mains : - J'ai cru que je n'allais plus jamais me rassasier. La faim est un ennemi invisible mais coriace. - Termine ta galette et ce bout de fromage. Veux-tu un peu de lait, ou bien préfère-tu une tisane ? Berlkacem lève la main : -Merci. Merci pour ton hospitalité Mohand. Je crois que mon ventre est satisfait. Il se passe une main sur sa bedaine, et sourit : - Là… ça ne gargouille plus. Je vais moi-même préparer cette tisane dont tu parles. Où as-tu mets tes herbes ? Mohand lui indique les boîtes disposée sur l'étagère et Belkacem jette quelques feuilles de menthe séchée dans une petite casserole. Il attendit que le breuvage soit prêt pour le verser dans deux tasses : - Tiens mon ami, je ne sais pas si cette tisane est aussi efficace que celle que prépare ma mère, mais la menthe m'a toujours fait du bien. Mohand dont les mains tremblaient, prit sa tasse et la dépose à côté de lui. Belkacem le regarde, puis remarque sa gêne : - Quelque chose ne va pas Mohand ? Je sais que tu es perturbé par le décès de ta mère, mais comme tu viens de le dire, dans l'état où elle était, la mort est une délivrance pour elle. Mohand acquiesce : - Le décès de ma mère m'a, certes, causé un profond chagrin. Mais je t'avoue que ce n'est pas uniquement ce malheur qui m'a perturbé. Belkacem l'interroge des yeux, puis se hasarde : - Tu veux parler de Ghenima. N‘est-ce pas ? Mohand baisse les yeux et hoche la tête d'un air triste: - Ghenima était pour moi un rayon de soleil. Quand je la voyais passer pour se rendre à la fontaine, je me sentais un autre homme. Belkacem repense à Hawa. Le matin même, il avait découvert un sentiment qu'il n'avait jamais soupçonné. Il comprenait Mohand et l'ampleur de sa tristesse : - Je ne sais quoi te répondre Mohand. L'autre jour, tu t'es démené comme un diable devant le comité de la djemaâ. Mais les dés étaient jetés. Ce vaurien de Aïssa avait bien monté son coup... Mohand relève sa tête et dresse un menton volontaire : - Et Ghenima dans tout ça ? (À suivre) Y. H.