Résumé : Mokrane est furieux contre le monde entier. Il malmène sa femme et ses enfants, et s'en prend même à son père. La rage le rendait incontrôlable. Il venait de se réveiller de sa cuite, et s'était rappelé le mariage de Ghenima. Da Kaci lui-même ne put l'affronter. Entre-temps Belkacem frappait à la porte de Mohand. 82eme partie Mohand entendit les coups frappés à la porte de la grange et sursaute. Ghenima lui jette un regarde interrogateur : - Tu attends quelqu'un ? Demande-t-elle dans un murmure. Il fait un signe de négation de sa tête, et met son index sur la bouche. Il s'approche à pas de loups de la porte, et jette un regard à travers une fine ouverture. Il entrevit une silhouette. Un homme emmitouflé dans un burnous, mais ne pu en distinguer les traits. Il se retourne vers Ghenima et lui indique la porte de l'arrière. Elle comprit et se faufile silencieusement au fond de la grange. Mohand ouvre la porte et se retrouve nez à nez avec Belkacem ! Sa surprise était telle, qu'il en perdit l'équilibre. Sa canne lui glisse des mains, et sa torche s'éteint. Belkacem l'aide à se relever : - Mohand ! Je ne savais pas que tu étais blessé ? Le jeune homme déglutit difficilement. Que voulait donc Belkacem à cette heure-ci ? Savait-il pour Ghenima ? Etait-il venu les retrouver pour les tuer ? Il ne sut quoi répondre et se remet difficilement sur pied en se retenant au mur. Belkacem lui tendit sa canne. - Qui t'a donc arrangé ainsi ? Tout à coup, il malgré la fatigue et la faim, il comprit tout : - Aïssa ? Hein Mohand… Tu l'as provoqué ? Mohand prend une longue inspiration et reprend ses esprits. Il invite Belkacem à rentrer, lui fait signe de s'asseoir devant le feu, puis referme la porte de la grange avant de lui tendre un morceau de galette et du fromage frais. - Tu as l'air affamé et affaibli. Mange d'abord. Ensuite nous discuterons longuement entre hommes. Belkacem mange sans demander son reste. Le froid l'avait engourdi. Il étendit ses jambes devant le feu et tendit ses mains, pour les réchauffer, toute en mangeant sa galette et le fromage. Mohand le regarde. D'où pouvait-il revenir à cette heure-ci ? En un éclair il comprit que Belkacem était parti à la recherche de sa sœur. Mais… Mais… Il déglutit. Comment se fait-il qu'il soit venu chez lui ? La chose paraissait suspecte. Il jette un regard furtif vers l'arrière de la grange et se demande ce que faisait Ghenima. Ne va-t-elle pas encore prendre la clé des champs en entendant son frère ? Mohand était mal dans sa peau. Son visage était creusé et ses souffrances physiques rajoutaient un goût amer à son désarroi. Que vient faire Belkacem chez-lui ? La question revenait tel un leitmotiv. Mais quelque chose le rassurait. Si ce dernier savait que sa sœur était cachée chez lui, il n'aurait pas hésité une seconde à la dénicher, et Dieu seul sait ce qui aurait pu arriver ensuite. Mais ce n'était plus qu'une question de temps, se dit-il, tout en regardant Belkacem manger avidement. L'homme paraissait sérieusement fatigué, affamé et frigorifié. Il a dû marcher une bonne partie de la journée et la moitié de la nuit. Mohand comprit au visage serein de Belkacem, que ce dernier, voulait juste faire une halte chez-lui, avant de remonter le sentier. Il pousse un soupir qui n'échappa pas au jeune homme. Belkacem met une main compatissante sur l'épaule de son hôte : - Désolé mon frère, pour le désagrément que je te cause, alors que peut-être tu devais rejoindre les tiens. - Non. Tu ne me déranges pas Belkacem, termine donc tranquillement ton repas. Et réchauffe-toi surtout, tu as l'air frigorifié. (À suivre) Y. H.