Plus de un million d'emplois, tous secteurs confondus, ont été créés au cours du 1er semestre 2011, selon le bilan des réalisations économiques et sociales en Algérie, rendu public avant-hier, par les services du Premier ministre. Cette performance suscite beaucoup de questions. Une telle situation, qui montre une amélioration certaine, dans un contexte d'assez forte croissance de la population active, intervient alors que le mécontentement général comme en témoignent les nombreux mouvements sociaux conduits par les jeunes ou bien des mouvements organisés par les chômeurs eux-mêmes. Dans un exercice inédit, les services du Premier ministère, précisent que le dispositif d'aide à l'insertion professionnelle (DAIP) a enregistré le plus grand nombre d'emplois créés, durant le 1er semestre de l'année en cours, avec 397 675 postes. Le DAIP est suivi, en matière de nombre d'emplois créés, par les chantiers de haute intensité de main-d'œuvre avec un total de 367 314 emplois durant la même période de l'année. Les postes de travail initiés à la faveur du dispositif du microcrédit arrivent en 3e position avec un total de 92 280. Le secteur de l'artisanat n'est pas en reste dans la mesure où il a enregistré 35 930 nouveaux emplois durant la même période. L'artisanat occupe ainsi le même classement que le dispositif “prime d'insertion des diplômes” (ex-préemploi). Le recrutement effectué par les différentes administrations et institutions représente 41 215 postes d'emploi. 61 831 recrutements ont été effectués par les entreprises publiques économiques (EPE) relevant des Sociétés de gestion des participations (SGP) et les autres entreprises et organismes publics. Il est incontestable que l'Etat a fait, ces dernières années, d'énormes efforts pour juguler le chômage des jeunes. Mais contrairement à ce qui est présenté par les pouvoirs publics, les solutions apportées restent de simples “solutions d'attente” et le traitement du chômage n'est pas économique mais fondamentalement social. Il n'y a pas encore chez nous une politique de l'emploi mais seulement une politique de gestion du chômage, très coûteuse par ailleurs, financée par la dépense publique et qui prendra fin dès que la manne pétrolière diminuera ou devra être affectée à d'autres emplois tels que faire face à la hausse attendue de la facture alimentaire ou le financement de logements sociaux en plus grand nombre. Pour certains experts, ce dopage de l'emploi est conjoncturel, il est à craindre qu'après l'achèvement des grands travaux, le taux de chômage risque de reprendre l'ascenseur. Il faut tout d'abord relever que ces emplois créés l'ont été surtout dans les secteurs des services et du BTP. Les emplois créés dans les services et les BTP sont des emplois précaires (chantiers de construction, …). Cette observation est corroborée par les statistiques relatives aux effectifs des salariés non permanents, relevées par l'ONS. 32,9% des occupés sont des salariés non permanents et des apprentis. L'ONS relève, par ailleurs, un chômage qui touche davantage les universitaires et plus particulièrement les diplômés : alors que le taux de chômage parmi la population n'ayant aucun diplôme est estimé à 7,3%, celui des diplômés de l'enseignement supérieur atteint 21,4%(11,1% chez les hommes et 33,6% chez les femmes). Les chômeurs ayant déjà travaillé dans le passé sont estimés à 417 000, soit 38,7% de la population au chômage (313 000 hommes et 104 000 femmes). Il s'agit d'une frange caractérisée par sa jeunesse ; 68,5% sont âgés entre 20 et 34 ans, 80,4% travaillaient comme salariés non permanents, 67,7% dans le secteur privé et 38,5% ont perdu leur emploi depuis moins d'une année. L'autre chiffre qui suscite, aussi des interrogations, est celui relatif aux investissements directs étrangers. De janvier à fin juin, les investissements étrangers réalisés en Algérie ont atteint 509,4 milliards de DA, soit 6,9 milliards de dollars, alors que le Premier ministre lui-même a reconnu lors de la dernière tripartite que le climat des affaires “n'est pas très attractif” en citant l'étude Doing Business de la Banque mondiale. “La Banque mondiale dont le jugement fait autorité dans son domaine, nous classe à la 136e position sur 183 pays en ce qui concerne le climat des affaires. Cela exige donc une amélioration sérieuse que nous souhaitons réaliser ensemble”, avait-il indiqué.