Depuis le début de l'année, et selon les statistiques du Haut-commissariat des Nations unies aux réfugies (UNHCR), l'Algérie a recensé 94 480 personnes entre réfugiés et demandeurs d'asile. Parmi elles, 90 000 réfugiés sont du Sahara occidental, 4 000 Palestiniens et 250 viennent de pays divers. Pour ce qui est des demandeurs d'asile, l'Algérie a enregistré 70 demandes de personnes venant du Liberia, 80 du Cameroun et 190 de pays divers. C'est ce qu'a révélé Lakhdari Mouenis, secrétaire général de la section algérienne d'Amnesty International, lors d'un point de presse, hier, au siège de l'association, à Alger. Pour M. Mouenis, “l'Algérie ne respecte pas le protocole international concernant les droits de réfugiés, et ce, malgré sa ratification de la convention et du protocole qui protègent cette catégorie de populations”. Le SG de la section algérienne d'Amnesty International a dénoncé “les dépassements dont l'Algérie se rend coupable en faisant fi des lois internationales”. “En Algérie, quand un réfugié ou un demandeur d'asile se fait arrêter par la police, il est reconduit immédiatement aux frontières, même s'il a la carte de réfugié délivrée par le bureau du HCR”, a souligné M. Mouenis. L'avocat estime que “le manque de communication et de vulgarisation sont les principales raisons de ces dépassements”. “Il faut faire la différence entre un émigrant, un réfugié et un demandeur d'asile. C'est dans ce seul cas que les réfugiés et les demandeurs d'asile peuvent bénéficier de leurs droits et accomplir leurs obligations”, a fait remarquer l'avocat. Il a indiqué que “le respect des lois permettrait à ces personnes de bénéficier d'un travail pour subvenir à leur besoin. Dans la situation actuelle, les réfugiés et demandeurs d'asile vivent des aides du HCR. Car à ce jour, ils n'ont pas le droit de travailler”. “La reconduction des réfugiés vers les frontières a obligé le HCR à créer un camp au Tchad pour abriter ces personnes dont aucun pays de la région n'en veut”, a déploré M. Mouenis. Selon le SG, la situation pourrait se compliquer si l'Algérie ne fait rien pour lever l'ambiguïté qui entoure la question, surtout avec les évènements qui secouent la région. “Avec ce qui se passe en Tunisie et en Libye, depuis le début de l'année, le camp de Ras El-Djdir a enregistré 900 000 déplacés. Et sachant que les Libyens et les Tunisiens migrent vers l'Est et l'Ouest, nous devons nous interroger sur leur statut et leur avenir”, a soulevé M. Mouenis. Bien que signataire de la Convention de 1951 sur les réfugiés et du Protocole de 1967, l'Algérie n'a pas encore mis en place de système d'asile global. Le HCR examine les demandes d'asile et assure la détermination du statut de réfugié en vertu de son mandat. Il y a lieu de noter que depuis le début de l'année 2011, le HCR a enregistré 32 000 demandes de refuge et d'asile à travers le monde.