Les mouvements de révolte des pays arabes ont été qualifiés, notamment au Nord, de révolutions Internet, lit-on dans le numéro n°7 d'IPEMED Palimpsestes qui a publié, en juillet dernier, une synthèse d'un rapport d'un groupe de travail, consacré à la confiance dans la société numérique méditerranéenne. “On ne peut ignorer le rôle que les technologies d'information et de communication ont pu jouer dans le Printemps arabe”, reconnaissent les rédacteurs du rapport. Internet a pu apparaître comme une plate-forme de résistance, au service de la cause révolutionnaire, grâce à ses blogs et au courrier électronique ; facebook a joué un rôle non négligeable, quoique sans doute restreint. Il a favorisé la dissémination massive d'informations locales non filtrées, issues des internautes eux-mêmes. “Les écosystèmes numériques, dotés de multiples composantes (Internet et ses applications, la téléphonie mobile, les chaînes satellitaires), ont fondé ainsi une nouvelle forme de confiance dans l'information qu'ils véhiculaient : une jeunesse jugée fréquemment désintéressée de la chose publique, taxée souvent d'être désinformée, dans une démarche spontanée et pacifique, a fait tomber en quelques semaines deux régimes totalitaires, croyant d'ailleurs contrôler ces écosystèmes”, souligne-t-on. “La culture numérique, appropriée par le citoyen de base, génère de façon générale une culture de la résistance, qui induit un bouleversement des mœurs, une contestation des pouvoirs, de nouvelles hiérarchies de la connaissance, un nouveau rapport à l'information et surtout à ses origines”, affirment les rédacteurs du rapport. Fin 2010, facebook a plus de 20 millions d'utilisateurs dans le monde arabe. L'Algérie est classée à la 6e place des pays utilisateurs de facebook, derrière l'Egypte, le Maroc, la Tunisie, la Jordanie, l'Arabie Saoudite et les Emirats arabes unis. La population utilisatrice de facebook au début 2011 estimée à 4,6%, en Algérie soit 1,6 million (+6,6% en un mois). En Tunisie, ce taux de 20%, soit 2,2 millions tunisiens (+9% en un mois) alors qu'en Egypte 5,45 millions utilisent facebook, soit 16,5% de la population. L'Egypte compte aussi 300 000 comptes Twitter et 250 000 blogs. Aussi paradoxal que cela puissent paraître, si en Tunisie et en Egypte, le renversement des régimes a été si rapide, c'est en partie au moins, du fait de ces moyens de communication et des médias accessibles à un grand nombre. “Si cette diffusion s'est développée, c'est parce que les gouvernements renversés ont mis en place des politiques publiques de diffusion de ces technologies et parce qu'il y avait localement des compétences disponibles pour permettre le contournement de l'endiguement de ces médias par les pouvoirs en place. En ce sens, on pourrait dire que les pouvoirs ont favorisé leur propre perte ! La Tunisie et l'Egypte font partie des pays où le poids du secteur des TIC est parmi les plus élevés de la région, avec près de 10% du PIB”, souligne-t-on. Les pays qui luttent encore contre la destitution de leur pouvoir (la Syrie, le Yémen, la Libye) sont des pays où le secteur des TIC est inférieur à 5%.